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Festival de Ménigoute


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Fléau de 5 et 7

Dans son deuxième long métrage, Cléo de 5 à 7, sorti en 1962, Agnès Varda filme en temps réel le trajet d'une femme qui attend le verdict de sa maladie, entre 17 h et 18 h 30 précisément, à Paris. Le tournage démarre le 21 juin 1961 et, chose rare, se déroule dans l'ordre chronologique du scénario.
Fascinée par cette exigence narrative, j'ai vu récemment au cinéma ce film restauré. Après coup, j'ai repensé à la remarque d'un étudiant en cinéma animalier, lors de sa soutenance en juin dernier, à Ménigoute. Il s'interrogeait sur la pertinence de filmer les animaux dans leur rythme, pour immerger le spectateur dans la réalité de leur quotidien, si j'ai bien saisi le propos. Propos qui a soulevé quelques réserves dans le jury. L'essence même du cinéma n'est-elle pas de bousculer l'espace-temps ?

Changement sémantique

Quoi qu'il en soit, la démarche d'un tournage en temps réel semble répondre à un souci de vérité. Ce qui m'amène à évoquer une autre vérité, celle du langage. L'honorable quotidien anglais, The Guardian, qui a, bien avant d'autres, mis l'environnement, la science et le climat au cœur de sa ligne éditoriale, a imposé à sa rédaction un changement sémantique pour mieux rendre compte du changement climatique.
La rubrique météo du Guardian avait déjà ajouté au printemps dernier une ligne de plus à son bulletin météo, indiquant le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Une initiative inédite dans la presse destinée à mieux mesurer la rapidité du changement climatique.
Mais au lieu de "changement climatique", expression jugée trop modérée par la rédactrice en chef, les lecteurs liront désormais "urgence climatique", "crise climatique" ou "panne climatique". La "surchauffe" sera préférée au mot "réchauffement". "Vie sauvage" remplace le terme "biodiversité",  "population de poissons" se substitue à "stock de poissons" et l'on ne parle plus de "climato-sceptiques" mais de "négationnistes de la crise climatique".

Ce parti pris est remarquable, car les mots ne sont pas neutres. Puisse ce changement de lexique, que nous adoptons à notre tour, contribuer à la lutte contre la crise climatique.

Catherine Levesque.

 

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Carnet rose

Quatre bébés visons d'Europe (2 femelles et 2 mâles) sont nés le 10 juillet à Zoodyssée (Deux-Sèvres) dans l'espace conservatoire créé en 2015, en vue d'une réintroduction. Une première en France pour ce carnivore en danger d'extinction. L'occasion de revenir sur le film de 52 minutes consacré à cette espèce, qui fut diffusé en ouverture du dernier Festival de Ménigoute.
> Sauvons le vison d'Europe, de Frédéric Labie et Nicolas Goudeau-Monvois (coproduction FIFO Distributions / France 3 Nouvelle-Aquitaine).

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Allain Bougrain-Dubourg : "Je trouve au Festival de Ménigoute les racines de notre combat"

Président de la Ligue pour la protection des oiseaux, partenaire historique du Festival de Ménigoute, le journaliste Allain Bougrain-Dubourg partage avec nous un état des lieux sur la prise en compte de la biodiversité en France.

• Lors de votre dernière interview pour la newsletter du FIFO, en janvier 2018, vous  dénonciez le manque de prise de conscience à l'égard de l'hémorragie de la biodiversité. Le rapport rendu par l'IPBES a-t-il changé la donne ?
Oui, mais insuffisamment à l'évidence. Il a fallu que le président de la République reçoive les scientifiques de l'IPBES à l'arraché en France pour lancer un cri d'alerte. Ce qui est intéressant, c'est qu'ils ne se contentent pas de livrer un rapport, mais aussi des recommandations. On sait comment agir. La balle est désormais dans le camp des décideurs et des politiques. La priorité serait de changer notre modèle d'agriculture intensive. J'ai rencontré la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, en tête à tête, et je lui ai posé la question. Elle m'a demandé de leur laisser un peu de temps, mais cela fait déjà trop longtemps qu'on attend, qu'il s'agisse de la souffrance animale, des pesticides, de l'artificialisation des sols… Sur ces deux derniers points, on a l'air de les découvrir alors qu'ils sont pointés depuis le Grenelle de l'Environnement ! On multiplie les belles déclarations, mais on n'est pas dans le concret. Il n'y a pas de stratégie politique pour opérer une vraie transition écologique, notamment en matière de biodiversité.

• Un arrêté autorisant l’abattage de 6 000 courlis cendrés, une mobilisation contre l'ours et cent loups abattus en 2019 : comment percevez-vous le décalage entre la posture internationale de la France sur la biodiversité et sa politique intérieure ?
L'abattage des 6 000 courlis est proprement scandaleux. C'est une insulte aux scientifiques, aux citoyens et aux associations qui ont répondu à la consultation publique et se battent pour préserver les espèces menacées comme celle-ci. On lance d'ailleurs un référé auprès du Conseil d'État sur ce point. Un second arrêté sur 30 000 tourterelles des bois est également en préparation alors que cette espèce a fait les frais de vingt ans de braconnage. On enregistre une baisse de 80 % de ses effectifs depuis 1980 en Europe et elle est classée «vulnérable » dans la liste des espèces menacées de disparition de l’UICN… Les choses les plus simples qui relèvent d'une éthique élémentaire sont bafouées.
J'ai signé une tribune dans Le Journal du Dimanche aux côtés de Stéphane Bern, Isabelle Autissier… concernant un décret de "simplification", qui prévoit de transférer aux préfectures la compétence ministérielle d’autorisation de travaux sur les sites classés. Quand on sait à quelles pressions locales sont soumis les préfets, ce nouveau dispositif reviendrait en réalité à assouplir la délivrance des autorisations de travaux.
Quant aux ours, la mesure de réintroduction initiée par Nicolas Hulot allait dans le sens des recommandations du Muséum pour que l'espèce ne disparaisse pas en France. Les sondages réalisés alors montraient que 73 % des habitants des Pyrénées occidentales étaient favorables à ces lâchers. Mais une poignée d'éleveurs résiste. Je peux comprendre que l'impact sur l'élevage bouleverse cette profession déjà malmenée, mais je vois aussi des bergers qui travaillent en bonne intelligence avec les ours ou les loups.
Ce qui est navrant, c'est de faire ce constat alors qu'il n'y a jamais eu une telle communion entre scientifiques, citoyens, associations et médias sur ces enjeux liés à la biodiversité.

• C'est pourtant à Marseille qu'aura lieu le prochain congrès mondial de l'IUCN, en juin 2020…
On commence à voir des retours de certains pays qui s'agacent des recommandations de la France alors qu'elle est tout, sauf exemplaire. Nous avons pourtant un ambassadeur délégué à l'Environnement remarquable, Yann Wehrling, qu'on n'entend pas suffisamment. J'imagine que sa position ne doit pas être toujours très simple… On ne peut que se réjouir du fait que le prochain congrès mondial de l'IUCN se déroule dans l'Hexagone et j'ose croire que cela incitera la France à montrer l'exemple. Soit dit en passant, ce congrès se déroulera à deux pas du parc national des Calanques… où l'on autorise la chasse à la glu !

• Vos inquiétudes sur le futur Office français de la biodiversité* sont-elles levées ?
Il est encore trop tôt pour en juger. Le nouveau directeur, Pierre Dubreuil, est un homme de qualité qui a travaillé précédemment pour le Muséum. Espérons qu'il résistera aux pressions des lobbies… C'est à clarifier rapidement. À l'évidence, l'Office français de la biodiversité n'a pas les moyens de sa politique. Il suffit de voir le désengagement de l'État sur un programme de sauvegarde LIFE tel que celui du vison d'Europe. Avant, l'État s'impliquait sur la moitié des financements. Maintenant, on rame !

• Participerez-vous à la COP 15 de la Convention sur la diversité biologique, qui se déroulera en Chine en fin d'année ?
J'ai participé pratiquement à toutes les COP de cette convention, mais je ne suis pas encore mandaté pour celle-ci. On travaille avec énergie avec Birdlife International et la RSPB sur cette échéance censée être déterminante. Mais j'ai été tellement déçu par les suites de Nagoya que je reste circonspect. Je vois mal comment on pourrait progresser en quelques mois au vu des conclusions de l'IPBES. Faut-il une stratégie moins ambitieuse, mais plus constructive ? Je crains que la biodiversité à l'agonie ne s'en remette pas. On n'a jamais connu ça.

• Vous verra-t-on au prochain FIFO ?
Je ferai tout pour venir ! Je trouve au Festival de Ménigoute les racines de notre combat : les compétences, la détermination et la combativité.

Propos recueillis par Catherine Levesque.

* Voir notre précédente newsletter sur la fusion à venir entre AFB et ONCFS.

> Réécoutez l'interview d'Allain Bougrain-Dubourg dans Des idées pour demain, sur France Inter, le 2 août dernier

 



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Sélection des films 2019 : un choix difficile…

Comme chaque été, les "sélectionneurs" du FIFO nous livrent leur avant-goût des films qu'ils ont choisis pour la 35e édition.

Patrick Luneau, réalisateur, et Philippe de Grissac, vice-président de la LPO, sont unanimes. L'année 2019 est atypique pour le Festival de Ménigoute, dont la vocation première, rappelons-le pour les étourdis, est de présenter des documentaires en compétition ! Atypique par la qualité des films reçus, mais aussi par leur diversité et la proportion de films français. "Habituellement, on a trois catégories : des films médiocres, des films nickel et un ventre mou", résume Patrick Luneau, chargé, avec Philippe de Grissac, d'en sélectionner une trentaine parmi la centaine de documentaires reçus. "Cette année, les quatre cinquièmes se situaient dans la catégorie supérieure." Philippe de Grissac note un parfait équilibre entre "l'artillerie lourde et des films militants, frais, fabriqués avec peu de moyens". "On a eu plus de mal que d'habitude à écarter certains films", confirme-t-il.

L'émotion au rendez-vous

Parmi les visionnages marquants, un film indien sur une femme passionnée par les peintures de coraux, qui décide d'apprendre à plonger à 50 ans pour les contempler. "Il y a des images apocalyptiques sur la pollution des mers, mais c'est très positif par ailleurs, car elle finit par militer dans des écoles. J'étais au bord des larmes", confie Patrick Luneau, séduit également par un film russe sur le combat d'une quadra pour la préservation de la rivière de son enfance. "On est parfois partagé entre espoir et désespoir. Et l'on sent un vrai besoin de parler des problématiques environnementales, avec plus de vérité et d'émotion."
"La dimension d'alerte se fait de plus en plus puissante dans les films que nous recevons, confirme Philippe de Grissac, avec des messages sous-jacents sur le changement climatique et l'érosion de la biodiversité."
Ces films militants cohabitent avec des "petits bijoux contemplatifs", dont un de 26 minutes sur la baleine franche. "Il y a aussi un film russe tout à fait étonnant avec un couple qu'on ne voit jamais mais qui chuchote sur le terrain, note Philippe de Grissac. On suit principalement un couple de gobemouches avec une bande-son ahurissante mêlant sons naturels, musique, chanson et poésie. Il va juste falloir relever le défi d'une bonne traduction !"

Sans oublier des documentaires plutôt portés sur le comportement animal ou sur des régions, comme les Cantabriques.

Côté courts

De leur côté, Basile Gerbaud, Mélissa Bronsart, Guilaine Bergeret et Hugo Braconnier ont procédé à la sélection d'une dizaine de courts métrages parmi une centaine de films reçus. Ce jury "Jeunes regards", qui décerne le prix Région Nouvelle-Aquitaine de la Créativité dans la sélection des longs métrages, a instauré ce prix du court métrage en 2017*.
 "Il y a des films d'étudiants, de pros ou d'amateurs, parfois d'animation, qui durent de deux à quinze minutes, précise Basile Gerbaud. Les thèmes varient entre protection d'une espèce, scènes de comportements, avec des approches très créatives", note l'ancien élève de l'IFFCAM, qui n'hésite pas à aller chercher des pépites.

Catherine Levesque.

* L'an passé, The Bird and the Whale fut récompensé
> La liste des films sélectionnés sera disponible début septembre.

 



 

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Journées européennes du patrimoine

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Cette année encore, culture rime avec nature lors des Journées européennes du patrimoine, qui auront lieu les 21 et 22 septembre. En effet, bien des châteaux, églises et autres monuments historiques sont le refuge d’oiseaux, de mammifères et d’insectes. C’est donc tout naturellement que la LPO partagera ses connaissances sur le patrimoine naturel de nombreux lieux historiques, ainsi que différents espaces dont elle assure la protection. Pour obtenir plus d’informations et trouver les animations organisées par la LPO à proximité de chez vous, rendez-vous sur le site des Journées européennes du patrimoine : https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr

 


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#MissionAlimentation

breveSi 70 % des français et françaises se disent prêts à changer leur consommation pour des produits plus responsables, seulement 40 % ont commencé à franchir le pas. France Nature Environnement a mis en place un programme de dix semaines, #MissionAlimentation, ponctuées de petits défis, grosses astuces et infos utiles pour améliorer pas à pas sa façon de manger. Pour les recevoir, il suffit de signer le manifeste sur le site : www.fne.asso.fr.


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Nous les arbres

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Réunissant une communauté d’artistes, de botanistes et de philosophes, la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, se fait l’écho des plus récentes recherches scientifiques qui portent sur les arbres un regard renouvelé. Présentée jusqu'au 10 novembre, l'exposition "Nous les arbres", en résonance avec cette « révolution végétale », s’organise autour de plusieurs grands ensembles d’œuvres et croise les réflexions d’artistes et de chercheurs (Francis Hallé, Raymond Depardon, Agnès Varda…), prolongeant ainsi l’exploration des questions écologiques et de la relation de l’homme à la nature.



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La sélection mensuelle de FIFO-Distribution :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com



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Crédits photo : FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org