|
|
La part des bêtes
L'homme et la nature, harmonie ou conflit ? Tel était le thème de la conférence animée par le biologiste Gilles Boeuf dès le premier jour du 34e Festival de Ménigoute. Un invité éminent pour une clôture tout aussi prestigieuse, en présence de Marie Amiguet et Vincent Munier. Deux approches différentes et complémentaires du vivant, de notre relation à la nature, scientifique pour l'un, contemplative pour les autres. Une combinaison entre connaissance et émerveillement qui constitue finalement l'ADN du festival.
En matière d'émotion, la performance live d’Anthony Touzalin, une nouveauté à Ménigoute, a fait l’unanimité, avec une composition, Transcendo, associant sonorités naturelles, notes musicales et immersion filmée dans une forêt sublime et onirique. Autre moment inédit, une masterclass en compagnie de Jan et Mélanie Haft autour du film Merveilles nordiques. Un partage d'expérience fort apprécié qui devrait être reconduit l'an prochain.
Les serpents grands gagnants !
Avec la présence d’environ 30 000 festivaliers cette année, salle de projection, conférences et tables rondes ont affiché complet, en dépit de sujets pas toujours consensuels… comme les serpents. Lesquels reptiles ont même rencontré un franc succès avec le film Des serpents dans nos têtes (voir Une plume à la page), plein de fantaisie, et l'exposition à l'esthétique maîtrisée du photographe Maxime Briola.
Mainate TV, la Web TV du festival a reçu de nombreux invités chaque jour, parmi lesquels des habitués, comme la députée Delphine Batho et Allain Bougrain Dubourg, et des nouveaux venus, comme Yannick Jadot.
Tous s'accordent à dire que cette rentrée 2018 marque une rupture dans la prise de conscience écologique, incarnée notamment par l'Appel des coquelicots, qui a fait l'objet d'une conférence de Jade Jourdan, porte-parole du mouvement, le dernier jour du festival.
Entre Black Friday et fêtes de fin d'année, nous nous félicitons que cette 34e édition ait célébré une fois encore la passion du vivant, l'échange, dans un esprit convivial et militant.
Catherine Levesque. |
|
|
|
#onestpret : le grand défi
L'histoire a prouvé que toutes les mobilisations qui réunissaient seulement 3,5 % de la population parvenaient à faire basculer un système. Ce qui, en France, représente 2,5 millions de personnes. Forts de ce constat, une soixantaine de Youtubeurs célèbres auprès des jeunes se mobilisent depuis le 15 novembre en proposant un défi à relever pour le climat, chaque jour, sur la page Facebook dédiée à ce challenge. À l'heure où l'on écrit ces lignes, le record d'audience était détenu par la vidéo des inénarrables Catherine & Liliane, avec 261 000 vues !
|
|
|
Retour sur le palmarès 2018 avec Mathilde Louveau, présidente du jury
Difficile de choisir parmi les 46 films en compétition cette année. Le jury, composé de sept personnes*, a distingué huit films qui reflètent la richesse et la diversité de cette édition. Retour sur ce palmarès avec Mathilde
Louveau, scénariste et monteuse chez LCP, la société de production de Laurent Charbonnier, qui présidait le jury cette année.
• Votre sentiment général sur cette sélection 2018 ?
C'était une première pour moi et j'ai eu beaucoup de plaisir à participer. J'ai été impressionnée par la palette très large de thématiques, de traitements filmiques et de lieux proposée par cette sélection. Certaines approches étaient didactiques, esthétiques, humoristiques, émouvantes ou poétiques, ce qui montre l'étendue des possibles. C'est enthousiasmant en ce sens qu'on n'est pas tous réceptifs aux mêmes choses, et la plupart des films présentés généraient plein de sentiments différents.
• Ce palmarès a été remarqué pour la poésie qui se dégage de certains films. Partagez-vous ce point de vue ?
Oui, et c'est la poésie qui touche le plus, en étant efficace sans être moralisatrice. Le film qui a obtenu le Grand Prix, par exemple, Queen without land, a ému le jury et le public grâce à un exercice de style, en l'occurrence un récit très sobre, à la première personne, qui raconte l'histoire de l'ourse polaire Givre et de ses deux oursons. Au travers de cette histoire personnelle et du lien qu'il parvient à tisser avec ces animaux, le réalisateur aborde en filigrane les conséquences du réchauffement climatique et la cohabitation homme-animal avec une grande finesse.
• À quoi ressemble la journée type d'une présidente du jury ?
Nous regardons les films le matin, l'après-midi et le soir, et nous en discutons en vase clos lors des déjeuners et des dîners. Pour chaque film vu, on reprend les différentes catégories de prix et on élimine ceux qui ne correspondent pas, par exemple pour le prix Géroudet, qui ne concerne que les oiseaux. Ce préalable permet de se concentrer ensuite sur les films qui restent dans chacune des catégories. Chacun a son système de notation personnel dans un premier temps. Puis le samedi, à l'issue des projections, chaque membre du jury vote à bulletin secret pour trois films dans chacune des catégories de prix. Dans le cas du Lirou d'or, par exemple, onze films étaient finalistes.
• Vous êtes-vous heurtée à des difficultés ?
Après les projections du soir, je veillais parfois très tard pour reprendre mes tableaux de suivi. Chaque nouveau film visionné suppose de reconsidérer les précédents. J'ai découvert qu'un crayon qui gomme, c'est bien pratique !
• Revenons sur d'autres films primés…
Le film Des serpents dans nos têtes est à la fois lauréat du Prix des Clubs Connaître et protéger la nature, en deuxième position pour le Grand Prix et pour le Prix Région Nouvelle-Aquitaine de la créativité. Le parti pris de l'humour était une excellente idée pour un sujet sur les serpents et le traitement, entre reportage décalé et micro-trottoir, fonctionne très bien, avec une grande fluidité. C'est génial ! La face cachée du poisson-lune, qui a eu le Prix du jury et le Prix Région Nouvelle-Aquitaine de la créativité, a aussi opté pour un traitement décalé, original.
Quant au film des Lapied, Aigle et gypaète, les maîtres du ciel, c'est le seul à être arrivé en tête d'un prix à l'unanimité, le Prix Paul Géroudet en l'occurrence.
• Le palmarès est issu d'un regard collectif. Quels ont été vos coups de cœur personnels ?
J'ai été touchée aux larmes par Au pays de l'ours isabelle, que j'ai trouvé d'une grande douceur. J'ai beaucoup aimé Medved, le mangeur de miel, à croire que j'ai un faible pour les ours ! C'est un documentaire axé sur de bons personnages, avec un message, où les plans animaliers sont rares, ce qui l'a desservi aux yeux du jury. Enfin, j'ai ressenti des choses fortes en regardant Ibex, dont j'ai apprécié la quête, les paysages…
• Quel est l'apport personnel de cette expérience en tant que professionnelle ?
Ne pas vouloir dire trop de choses dans un film au risque de perdre le spectateur. Or, c'est parfois le travers des films commandés pour la télévision, qui en fait une contrainte. Alors qu'il faut laisser des respirations… Attention aussi aux commentaires anthropomorphiques et aux ambiances sonores, qui sont souvent couvertes par de la musique au mètre sans intérêt, pour des contraintes de budget parfois. Un film réussi, c'est un cocktail et il suffit de peu de choses pour rater le podium !
• Sur quels projets travaillez-vous chez LCP ?
Nous poursuivons notre série sur les parcs naturels régionaux et entamons la postproduction des films tournés sur les Marais du Cotentin et du Bessin, la Brenne et le Vercors. Laurent Charbonnier tourne actuellement sur le parc naturel régional de Lorraine. Ces quatre films seront diffusés sur Ushuaïa TV l'an prochain.
J'ai par ailleurs une soixantaine heures d'images à dérusher pour le film Chambord, le cycle éternel, un long-métrage réalisé par Laurent Charbonnier à l'occasion des 500 ans du château qui seront célébrés en 2019. Le tournage n'est pas fini, mais le montage démarre mi-janvier. Je dois donc préparer les "chutiers", c'est-à-dire classer les images par thématiques, par séquences et par comportements, afin de faciliter les recherches de plans lors du montage, en étiquetant les plans le plus précisément possible. Je vais prémonter également les séquences animalières qui s'intercaleront avec des séquences historiques. Il y a également en projet un documentaire de 52 min : Chambord, le cycle naturel, sous un angle purement animalier pour Ushuaïa TV.
Propos recueillis par Catherine Levesque.
*Gilles Bentz, conservateur de la réserve naturelle des Sept-Îles (Côtes-d'Armor)/Vincent Chabloz, réalisateur/Maurice Dubroca, réalisateur/Jean-François Karpinski, conseiller de programmes France 3 Nouvelle-Aquitaine en charge des documentaires/Suzanne Giraldon, animatrice bénévole d’un club "Connaître et protéger la nature"/Roger Jeannin, président de l'association "Vautours en Baronnies. Le jury "Jeunes regards", constitué d’étudiants de l’Iffcam, attribue le Prix Région Nouvelle-Aquitaine de la créativité et le Prix Crédit Agricole.
|
|
|
Marie Daniel et Fabien Mazzoco, un duo qui renouvelle le documentaire animalier
Anciens étudiants de l'École de cinéma animalier de Ménigoute, Marie Daniel, 37 ans, et Fabien Mazzoco, 35 ans, ont déjà 13 films* à leur actif, dont plusieurs primés. Lauréat du Prix des Clubs Connaître et protéger la nature, en deuxième position du Grand Prix et du Prix Région Nouvelle-Aquitaine de la créativité, leur dernier film, Des serpents dans nos têtes, a séduit le public comme le jury du 34e Festival de Ménigoute. Nous les avions questionnés sur leur vision du métier.
C'est drôle, grinçant, parfois kitsch. À travers une enquête volontiers échevelée, les réalisateurs Marie Daniel et Fabien Mazzoco interrogent dans leur dernier film la question de la peur des serpents. Ce film a été commandé et coproduit par l'association Cistude Nature, avec laquelle ils collaborent régulièrement, "dans une totale liberté".
Dans Nous, mammifères, qui avait déjà remporté le Prix Région Nouvelle-Aquitaine de la Créativités en 2016, le duo dressait un portrait de notre espèce et de son rapport à la nature. "Nous conservons cette attention à décoder la place de l'animal dans notre société, admet Marie Daniel, en recherchant des réponses dans une démarche pluridisciplinaire, mais nous avions envie cette fois d'une autre forme de traitement, en recourant à l'humour, voire à la provocation et à l'autodérision, avec des parties fictionnées, afin d'interroger les spectateurs. Les réactions aux scènes de la tondeuse, par exemple, montrent bien qu'on a touché une corde sensible ! Pour la première fois, nous nous sommes mis en scène de façon naturelle parce qu'on avait tout le décor à domicile, y compris les enfants ! On aurait probablement fait un film plus animalier il y a quelques années."
Une jeune génération qui renouvelle le genre
Entre fiction, micro-trottoir et film naturaliste, leur documentaire confirme la capacité de cette jeune génération de cinéastes animaliers à renouveler le genre. Parmi les ingrédients de leur recette à succès, l'envie de s'essayer à des formes nouvelles et le parti pris d'investiguer auprès des chercheurs de tous horizons : historiens, philosophes, biologistes…
"On sent bien que quelque chose se joue dans les films des anciens étudiants de l'Iffcam devenus professionnels, reconnaît Marie Daniel, issue, comme son complice, de la promotion 2004. Il y a une vraie patte, une originalité indéniable. Outre les nouvelles technologies, quelque chose évolue dans les choix de réalisation, de cadrages et surtout dans l'ancrage des sujets dans notre société, dans cette volonté de faire évoluer les mentalités. Cela ne met pas à mal la qualité des documentaires naturalistes aux images léchées, mais le regard que porte cette nouvelle génération sur le rapport de l'homme au sauvage a le mérite de pouvoir toucher un public qu'on ne sensibilisait pas auparavant avec du pur documentaire animalier."
Catherine Levesque.
* Parmi lesquels : L'île Pyrénées ; Les dernières steppes ; Nous, mammifères ; Ô papillons ; De l'autre côté de la plage…
Pour en savoir plus : www.facebook.com/mauvaisesgrainesfilms
|
|
|
Vous êtes prêt ?
Depuis le 15 novembre et jusqu'au 15 décembre, 62 stars de YouTube et autres influenceurs pour les 12-25 ans (Norman, EnjoyPhoenix, Jhon Rachid, Natoo, qui comptent à eux seuls plus de vingt millions d’abonnés sur la plateforme…) se filment chaque jour en train de relever un défi pour réduire leur impact sur l’environnement. Dans cette campagne baptisée #OnEstPrêt, il y a ceux qui changent leur alimentation, ceux qui cessent d’utiliser du plastique et ceux qui ne se servent plus de leur voiture. On avoue un petit faible pour le Professeur Feuillage.
> www.facebook.com/pg/onestpret2018/videos/ |
|
|
BirdLab, cinquième saison
Non, ce n'est pas une série ornithologique… mais une opération de science participative qui consiste à reproduire sur un écran de Smartphone ou de tablette, grâce à un jeu, les interactions en temps réel entre les individus de 24 espèces d'oiseaux s’alimentant sur deux mangeoires (durant 5 min). Cette application ludique est proposée par le Muséum national d'Histoire naturelle, via son programme Vigie Nature, en partenariat avec Agro Paris Tech et la LPO. La grande quantité de données fournies par BirdLab – 10 268 parties réalisées durant l’hiver dernier –, a déjà permis aux chercheurs d’établir des liens entre le contexte paysager et la diversité des espèces observées. À vos postes !
> http://vigienature.mnhn.fr/vigie-manip/birdlab
|
|
|
Trophées de l'Art 2018
Lors de la 34e édition du Festival de Ménigoute, les Trophées de l’Art pour la nature offerts par la Région Nouvelle-Aquitaine ont distingué trois artistes présents au Salon d’Art animalier : le prix Coup de Pattes a été remis à Véro Lombard pour sa sculpture "Rencontre". Le prix Coup de Crayons a été remis à Clara Teissier pour son aquarelle de chevreuils. Le prix Clic-Clac revient à Maxime Briola pour sa couleuvre à collier.
|
|
|
|