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© GUILLAUME FRANÇOIS

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NOURRIR, PAS DÉTRUIRE

Au cœur du bocage, sur un chemin Ménigoutais, de grands tirages photographiques célèbrent et illustrent la richesse des jardins sauvages. Dans la terre, sur les haies, et dans chaque coin préservé, le vivant s’agite et est mis à l’honneur. 800, c’est le nombre d’espèces relevées par l’artiste naturaliste Patrick Trécul sur son terrain, rien que ça.

Ces oasis de biodiversité, fertiles et multiples, sont possibles par des alliances et des conditions favorables, ou du moins non défavorables. Pour agir individuellement et aider la nature à prospérer, les conseils écologiques à suivre ne manquent pas. À plus grande échelle, c’est une toute autre histoire, d’autres enjeux et impacts.

En adoptant l'aberrante loi Duplomb le mardi 8 juillet dernier à l’Assemblée Nationale, la France fait un grave retour en arrière. Un cocktail explosif, ressuscitant pesticides dangereux et facilitant élevages industriels et méga-bassines. Un coup de massue pour l’environnement, mais aussi la santé publique, quand le pays subit la réalité du dérèglement climatique, entre canicules et incendies.

Une pétition massive rassemble plus d'un million et demi de françaises et français.


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RENCONTRE

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Emma Baus, autrice et réalisatrice

À la question “Qu’est-ce que tu aimerais faire plus tard ?”, une double réponse : pilote et écrivaine. Pourquoi choisir alors qu’on peut combiner deux métiers et faire voyager l’imaginaire en devenant autrice-réalisatrice. Avec persévérance, Emma Baus s’est armée de connaissances en sciences politiques et en histoire de l’art avant de poursuivre son désir de création de nouvelles formes de récits, résolument féministes. Cinéaste prolifique, les idées fusent et le sens du détail est au rendez-vous, avec pas moins de vingt films réalisés ces vingts dernières années. Imprégnée par la nature, entre mer et montagnes des Pyrénées-Orientales d’où elle vient, Emma Baus est présidente du Jury du 41e Festival de Ménigoute.

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EMMA BAUS © EMA MARTINS

« Mon port d’attache se trouve dans les Pyrénées-Orientales. Là-bas, mes deux grands-pères m’ont éveillée à la nature. L’un, agriculteur, possédait un chalet à la montagne où nous faisions beaucoup de randonnées. L’autre avait un voilier avec lequel nous découvrions la mer Méditerranée l’été. Puis, adolescente, j'avais deux rêves : devenir écrivaine et pilote d’avion. Les deux se sont progressivement scindés dans la passion pour la réalisation, où j’y retrouve le goût pour l'écrit, le voyage et l’exploration.

À l'époque, je savais déjà que je souhaitais travailler dans le cinéma, mais d’abord, je voulais acquérir un regard sur le monde et la création artistique. Une double formation en sciences politiques et en histoire de l'art m’a permis d'acquérir un moyen de décrypter la société et de préciser mon rapport à l’image. Ces études, qui peuvent sembler éloignées du documentaire, me servent dans mes réalisations. Il est important pour moi d’apporter un regard particulier dans mes œuvres en soulevant des interrogations par la narration et la mise en scène du réel.

Ma vingtaine a été une décennie “laboratoire”, faite de différentes expériences professionnelles comme critique de film et réalisatrice de documentaires radiophoniques sur France Culture. À 30 ans, je me suis tournée vers le cinéma animalier par l'intermédiaire de Jacqueline Farmer et Bertrand Loyer de Saint Thomas Productions. C’est comme ça que j’ai commencé à collaborer sur certains films en tant qu’autrice jusqu’à, petit à petit, me sentir totalement à ma place en devenant réalisatrice.

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EMMA BAUS © RÉMI RAPPE

L’intuition cinégénique

Ça fait maintenant une vingtaine d’années que j’écris et que je réalise des documentaires consacrés à la nature et à la science, au départ pour Canal+, puis pour France Télévisions, Arte et différentes chaînes du câble et internationales. Mes thèmes de prédilection tournent autour des interactions entre les humains et les animaux. Ce qui m’amuse le plus, c’est d’explorer des sujets peu ou pas exploités et de trouver des axes originaux en utilisant les outils du cinéma, du tournage au montage en passant par la musique ou encore la colorimétrie. Je suis loin d'avoir épuisé tous mes désirs de récit sur le rapport à la nature, mais c'est vrai que j'aime aussi explorer d'autres thématiques comme par exemple l’archéologie.

Mon rôle est de créer une œuvre qui n'est pas forcément celle que les scientifiques auraient imaginée, ni celle que le grand public attendait. C’est une création à la croisée de plusieurs chemins, faite d’expérience sensorielle, de découvertes et d’émotions, et qui amène à une transmission de savoirs scientifiques. On peut appeler ça de la vulgarisation, ça n’a rien de péjoratif, moi je considère que c’est très important et que nous sommes là pour transmettre des connaissances au plus grand nombre.

Faire un film commence toujours par une curiosité pour un sujet et une intuition cinégénique pour moi. La moitié de mes œuvres naissent de mes propres idées, et l’autre moitié de suggestions de sociétés de production. Dans les deux cas, à partir du moment où je m’engage dans un projet, c’est que j’y trouve un enjeu à défendre. Parfois il y a des évidences, comme quand le producteur Jérôme Duc-Maugé m’a approchée pour faire les épisodes de la série Démocraties animales. Le sujet faisait écho à ma formation en politique et je trouvais passionnant d’aborder les prises de décisions collectives, qui démontrent que ce n’est pas toujours le mythe du mâle alpha qui prime. Il y a aussi des sujets plus personnels, comme Malin comme une chèvre, né après la perte de mon grand-père agriculteur. La Chèvre de Monsieur Seguin était son conte préféré, une ode à la liberté selon lui, et j’avais envie de montrer les capacités fascinantes de ces animaux domestiques.

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EMMA BAUS SUR LA POST-PRODUCTION DE SON FILM MALIN COMME UNE CHÈVRE © NORD-OUEST DOCUMENTAIRES

Jongler entre les idées

Développer plusieurs projets en parallèle est devenu une habitude. En général, quand je suis en phase de préparation ou de post-production pour un film, je consacre un quart de mon temps à l’écriture de nouvelles idées. J’aimerais me concentrer sur un seul objectif pendant deux ou trois ans, mais la réalité est que j’ai besoin d’avoir un accord financier pour avancer. En France, quelques chaînes comme France Télévisions, Arte ou Ushuaïa TV proposent des cases de diffusion pour ce genre de films. Alors il y a des périodes idylliques, où les réalisations s'enchaînent année après année, et parfois ce n’est pas le bon moment car un projet similaire s’est déjà fait récemment. Le métier de réalisatrice, c’est aussi des projets qui restent dans les tiroirs et qui finissent par aboutir ou non.

La particularité du film nature est qu’il n’est pas forcément daté. C’est gratifiant de voir une narration qui fonctionne encore après des années. Je pense par exemple à Trois Petits Chats, que j’ai réalisé en 2015, et qui continue encore à tourner. En général, les droits de diffusion d’un film sont négociés pour dix ans, mais ils viennent d’être reconduits par le distributeur. Il y a aussi les festivals où j’ai la chance d’aller présenter mes réalisations. C’est autre chose de rencontrer le public en vrai, et pas seulement de recevoir un texto disant que quelqu’un a vu mon travail. Lors de séances jeune public il y a toujours énormément d’enfants, parfois j’ai pu entendre : “C’est le meilleur film que j’ai vu de toute ma vie !”.

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EXTRAIT DU FILM TROIS PETITS CHATS D’EMMA BAUS © NORD-OUEST DOCUMENTAIRES

50/50

Longtemps, j'ai pensé qu'il n'y avait aucun souci à être une femme dans l’audiovisuel et le cinéma. Je suis entrée dans ce monde via des femmes, avec Jacqueline Farmer, Anne Labro, Caroline Glorion, Sylvie Randonneix... Je me disais que c’était génial. Et puis, je me suis rendue compte que ce n’étaient que des hommes qui faisaient les prime time dans l’animalier. J’ai tenté ma chance, mais j’ai essuyé un refus, puis deux, puis trois. Il y avait déjà peu d’autrices et réalisatrices dans le milieu, mais en plus on n’avait pas accès à ce type d’opportunité. Je pense que c’est en créant des données chiffrées sur la parité, comme le font Le Collectif 50/50 ou Nous, réalisatrices de documentaires, que nous pouvons rendre le problème visible.

Parfois, on me demande : “Alors, ça change quoi d'être une femme réalisatrice sur le terrain ?”. En fait, je ne sais même pas si ça devrait être une question et si l’enjeu est vraiment là. Ce qui m'intéresse, c'est plutôt qu'on soit attentives et attentifs ensemble au fait qu'il n'y ait pas une seule narration. J’ai la volonté que le film documentaire animalier ne soit pas juste une grosse bête qui mange une petite bête. Il ne peut pas uniquement exister le discours du baroudeur, fait de superlatifs, pour dire à quel point il faut de la force et du courage pour braver les conditions difficiles d’un tournage. Il n’y a pas que cette histoire à raconter, on peut ouvrir de nouvelles formes de récits et, pour moi, l’intérêt est là.

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EXTRAIT DE LA SÉRIE DÉMOCRATIES ANIMALES D’EMMA BAUS © COCOTTES MINUTE PRODUCTIONS


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L'EXPÉRIENCE AU FESTIVAL DE MÉNIGOUTE

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La première fois que je suis venue au Festival de Ménigoute, c'était en 2012 pour une de mes premières coréalisations, Dimanche à la Ferme. Le film parlait des écosystèmes des fermes et était incarné par Jean-Philippe Varin, zoologiste spécialiste du comportement animal et dresseur pour le cinéma et la télévision, malheureusement récemment décédé. Quand je suis entrée dans la grande salle de projections de Ménigoute, je me suis dit que cet endroit était incroyable. J’ai été époustouflée par le public, l’engagement, l’enthousiasme et tout ce qui se passait autour. J’y suis revenue pour présenter deux autres films et j’y serai cette année pour être présidente du jury, c’est un grand honneur !

LA RENCONTRE FAITE AU FESTIVAL DE MÉNIGOUTE

Une fois au Festival de Ménigoute, je me souviens avoir partagé le même logement que Christian Moullec, pionnier du vol en ULM avec les oiseaux. Je me suis dit que c’était incroyable de rentrer dans la mecque du cinéma animalier de cette façon-là. C'est un peu comme arriver au Festival de Cannes et partager la maison d’une célébrité. Ça donnait vraiment l’impression de passer de l’autre côté du rideau et d’avoir accès à un autre monde.


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POUR ALLER PLUS LOIN

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LES RECOMMANDATIONS

Le Loup de Valberg de Pauline Briand aux Éditions Goutte d’Or. J’ai été émerveillée par ce fascinant récit de la disparition d’un louveteau dans le Mercantour. Cet objet hybride avance dans une double narration, d’un côté le récit sous forme de conte naturaliste relatant la vie des loups, et de l’autre côté l’enquête auprès des témoins, simples citoyens ou spécialistes. C’est rare de mêler ainsi les points de vue !

L’ACTUALITÉ

photoBANDE-ANNONCE DU FILM LE RENARD QUI A SAUVÉ SON ÎLE D’EMMA BAUS © NORD-OUEST DOCUMENTAIRES

Ma dernière réalisation, Le renard qui a sauvé son île, va être diffusée sur Arte cet automne. Du côté des projets en développement financier, j’en ai d’abord un pour le cinéma, Peloute, le chien Vigneron. L’idée est de suivre le point de vue d'un chien sur l'évolution d'un vignoble dans les Pyrénées-Orientales avec beaucoup d'humour. Ensuite, j’ai aussi un projet pour la télévision qui a obtenu une aide au développement, L’épopée Pyrénéenne d’Hannibal. On connaît le passage du général Hannibal au travers des Alpes avec ses éléphants, mais il est question ici du parcours des différents sites archéologiques qui émaillent la Catalogne. »

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APPEL À BÉNÉVOLES

photo © PHOTOGRAPHY

Cette année encore, le Festival de Ménigoute lance un appel à bénévoles afin de consolider ses joyeuses troupes. Rejoignez notre équipe de volontaires et prenez part à la 41ème édition, du 28 octobre au 2 novembre 2025 !


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INVITATION AU SAUVAGE DANS VOTRE JARDIN

photo© PATRICK TRÉCUL

À l’occasion de la Soirée du Patrimoine de Gâtine, le 4 juillet dernier, l’association Mainate a inauguré et revêtu le village de Ménigoute d’un parcours photographique sur 3km pour la quatrième année consécutive. Pour cette édition, le photographe Patrick Trécul propose son exposition Jardins de Sauvages, une ode à ces possibles écrins de biodiversité. Dans son propre jardin de 400m2, l’artiste a fait le compte : environ 800 espèces animales ! Une démarche de préservation honorable que le Festival est fier de mettre en avant jusqu’en novembre prochain.


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RÉSERVATIONS OUVERTES

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3, 2, 1 réservez ! Si vous n’avez pas encore vu l’information, les réservations pour la 41e édition du Festival de Ménigoute sont ouvertes dès à présent. Initiation à la photographie nature ou vidéo naturaliste, cinéma pour l’oreille, escape game mystérieux sur le bocage… C’est l’occasion de feuilleter le dépliant et de concocter son programme, seul·e ou accompagné·e.


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DE L’AUTRE CÔTÉ DE L’ATLANTIQUE

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Le Festival de Ménigoute est heureux d’être à nouveau partenaire de son voisin québécois, le Festival des Oiseaux Migrateurs de la Côte Nord. Activités ludiques, conférences accessibles et documentaires inspirants, dont le film Birdsong de Kathleen Harris - coup de cœur et Prix du Jury de notre 40e palmarès, seront au programme du 15 au 21 septembre 2025 à Tadoussac. Le moment idéal pour observer la rive nord du fleuve Saint-Laurent se transformer en véritable corridor de migration.


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ANALYSER AVANT D’INTERVENIR

photoJEUNE PINSON DES ARBRES © IMM GEFFROY

Il vous est peut-être déjà arrivé de tomber sur un jeune animal sauvage sans savoir quoi faire. Intervenir sans analyser la situation peut s’avérer être une fausse bonne idée. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a préparé un article sur le sujet pour bien conseiller et accompagner selon les espèces rencontrées. En France, l’association s’occupe de 7 centres de sauvegarde pour la faune sauvage et y accueillent environ 20 000 animaux par an.



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Le grand dictionnaire de mon petit jardin d’Anne-France Dautheville est un livre de jardinage, mais pas que. Célèbre pour être la première femme à avoir fait le tour du monde à moto, l’autrice et journaliste a rencontré de nombreux paysages, plantes et animaux. Dans son ouvrage, elle dévoile ses expériences, anecdotes et conseils. Disponible à la boutique de FIFO Distribution !

"Pour jardiniers en herbe, laboureurs avertis et curieux de nature. Ce dictionnaire pratique et insolite réunit plus de 400 entrées classées par ordre alphabétique : arbres, fleurs, fruits, légumes, mais aussi haies, insectes, maladies, oiseaux, sol, etc. Bref, tout ce qui participe à la vie du jardin.”



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Le Festival de Ménigoute sur Internet

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Juillet 2025 -  Archives des anciennes newsletters
Rédaction : Louise Jacquot  -  Conception : Tabula Rasa

L’association MAINATE organise le Festival International du Film Ornithologique de Ménigoute

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 10 005 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org