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Festival de Ménigoute


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L'hypothèse de la savane

Qu'allons-nous chercher en forêt, en montagne ? C'est la question qu'explore le philosophe Alexandre Lacroix dans son dernier ouvrage, Devant la beauté de la nature*. La conférence qu'il décline pour Les Apprentis philosophes est présentée comme un "précis d'esthétique environnementale". Qu'est-ce qu'un beau paysage, donc ? Jusqu'au XVIIIe siècle, la question ne se posait pas. Dans une vision monothéiste du monde, la nature était l'œuvre de Dieu, point. Il faudra véritablement attendre une école de penseurs anglo-saxons, dans les années 1960, pour se pencher sur le "beau naturel", autrement dit, pour faire court, l'esthétique environnementale. Plusieurs axes de réponses sont évidemment développés (brillamment) par Alexandre Lacroix. Parmi elles, l'idée qu'un sentiment d'intimité nous lie au milieu naturel, comme imprimé dans l'ADN de notre espèce qui habite cette Terre depuis quelque 300 000 années. Pour vérifier cette hypothèse, des tests ont même été faits à partir des photos des cinq principaux biomes dans lesquels Homo sapiens a évolué : la forêt tropicale, le désert, la forêt de conifères, la savane et la forêt de feuillus. Tests curieusement très convergents, où la savane emporte l'adhésion (ce fut ma réponse lors du test !), loin devant la forêt tropicale. On appelle ainsi "hypothèse de la savane" cette préférence innée pour ce qui fut le berceau de l'humanité.

Du beau pour agir

Pour autant, cela ne suffit pas à expliquer pourquoi l'on trouve un paysage plus beau qu'un autre. Ce qui conduit Alexandre Lacroix à questionner la différence, dans l'art, entre un beau paysage et un paysage "picturesque", c'est-à-dire transformé par rapport à la réalité, voire sublime. S'il existe probablement un ressort atavique à l'appréciation d'un paysage, la culture contribue donc aussi à la modeler. Sans compter la part d'indicible, de mystère, que recèle la nature, comme moyen de se ressourcer au sens premier du terme.

Et de conclure avec pertinence que ce qui manque à l'écologie politique, dans son discours, c'est cette dimension esthétique où l'émerveillement devrait l'emporter sur le catastrophisme, les rapports chiffrés et la culpabilité. Oui, l'esthétique, a priori évanescente, peut avoir une portée politique. Nous voulons du beau, nous voulons des coquelicots. Il y aura de tout cela au Festival de Ménigoute, où nous vous attendons nombreux.

Catherine Levesque.

* Devant la beauté de la nature, Alexandre Lacroix, Allary Editions (22,90 €).

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Un avant-goût des films du Festival

Du poisson lune au gypaète, du loup arctique au phoque gris en passant par le vison, de la fourmi au papillon, une trentaine de films seront projetés au prochain Festival de Ménigoute, courts ou longs métrages. Parmi les destinations où ils vous transporteront, le Costa Rica, la Patagonie, l'Écosse, l'Irak… Ou comment voyager sans plomber son empreinte carbone !

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Maurice Dubroca : "Les animaux nous parlent de nous"

Lauréat du Prix Jeunes Regards en 2015 pour Les Hyènes de Harar, Maurice Dubroca sera membre du jury lors du prochain Festival de Ménigoute. Rencontre.

• Sans être naturaliste, vous avez à votre actif plusieurs documentaires animaliers. Comment s'inscrivent-ils dans votre parcours ?
Je ne suis pas naturaliste, mais comme eux j'aime observer les animaux. J'ai vécu au Brésil et travaillé en Amazonie. Ça a été un déclencheur pour ce métier. J'ai eu l'envie de montrer la vie sauvage et cet éden, notamment dans mon film Des poissons dans les arbres, sur cette zone humide exceptionnelle qu'est le Pantanal.
Les trois quarts du temps, c'est moi qui propose les sujets mais c'est avant tout la relation entre l'homme et l'animal qui m'intéresse, notre cohabitation avec eux sur cette planète.

• Vous êtes justement un peu pionnier sur cette approche devenue plus commune… D'où vous vient cet intérêt ?
Il y a avait moins de films sur les rapports homme-animal quand j'ai commencé, c'est vrai. Cet attrait vient de mon enfance, au Pays basque, où j'étais entouré d'animaux. Mon grand-père avait sept chats... et j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui avaient des relations exceptionnelles avec les animaux, comme Pierre Pakhomoff, un cosaque qui faisait de la voltige à cheval ou, par la suite, Jean-Philippe Varin, qui dresse les animaux pour le cinéma. Entre Konrad Lorenz, Jane Goodall, Boris Cyrulnik… les recherches scientifiques et de terrain se sont multipliées sur cette question ces soixante dernières années. Nous savons désormais qu'ils sont dotés d'une forme d'intelligence, d'émotions, etc. Le statut de l'animal a d'ailleurs changé en France depuis peu. Dans un monde où la faune sauvage disparaît tragiquement, où l'extension des villes empiète sur leurs territoires, il est intéressant de voir que des hommes parviennent à tisser des liens privilégiés avec certaines espèces, y compris vilipendées comme la hyène que je montre dans Les Hyènes de Harar. C'est une problématique au cœur de notre époque hélas, et les relations qu'on entretient avec eux en disent long sur notre société. Finalement, les animaux nous parlent de nous.

• Vous donnez des cours d'écriture à l'Iffcam depuis le début. Y a-t-il une écriture particulière dans le documentaire animalier, qui par nature n'est pas fictionnel ?
C'est un vaste débat ! Je ne les opposerais pas : certains documentaires ont une dimension fictionnelle et inversement. Un film, quel que soit son genre, c'est avant tout une histoire avec un début, un milieu et une fin, et pas forcément dans cet ordre, pour paraphraser Godard ! Du point de vue du scénario, il faut un fil narratif et une dramaturgie. Une histoire avec son lot de rebondissements. Cela vaut aussi pour les documentaires animaliers et les maîtres en la matière sont les Anglo-Saxons (BBC, National Geographic), qui ont plus de moyens pour les produire. De notre côté, nous pouvons revendiquer une "French touch", une certaine forme d'inventivité. Nous avons en général moins de temps sur les tournages, mais nous trouvons des biais avec notre propre sensibilité.

• Qu'entend-on par scénario dans le cadre du documentaire animalier ?
Cela peut paraître paradoxal de parler de scénario pour un documentaire puisque, lorsqu'on tourne le film, on capte du hasard. On peut être au bon endroit et au bon moment sans avoir la scène attendue. Disons qu'il faut se mettre dans les meilleures dispositions et anticiper suffisamment en amont, pour que la pluie de la chance tombe sur vous. C'est le rôle du scénario. Il faut aussi évidemment se montrer souple pour, à l'inverse, capter des imprévus. C'est toute la difficulté de l'écriture du réel !

• En étant membre du jury du prochain festival, vous vous apprêtez à juger vos pairs. Comment allez-vous investir cette mission ?
Je ne peux pas valider cette expression ! Ce ne sont ni mes pairs, ni les films que je juge. Quand je regarde un film, je deviens un spectateur lambda juste un peu plus "averti". Le plus gros du travail d'un festival revient aux personnes qui ont effectué la sélection. Et qui nous donnent à Ménigoute le privilège de voir le meilleur de la production du moment sur la nature. Quant au fait de faire un choix, ce qui compte, c'est la perception du film, l'émotion ressentie, le récit, son originalité... Mais c'est avant tout subjectif.

• Le cinéma animalier peut-il selon vous jouer un rôle dans la sensibilisation du public ?
Oui, évidemment ! Il permet de découvrir des espèces qu'on ne connaît pas ou mal. C'est une ouverture sur le monde. Grâce aux travaux réalisés par les éthologues ou des personnalités comme Jane Goodall depuis soixante ans, la perception de l'animal a changé et le documentaire a contribué à vulgariser leur travail. Ça a pris du temps, mais on n'en est plus, heureusement, à Descartes et son "animal machine". Malgré ces vigies qui nous alertent, l'érosion de la biodiversité se poursuit : les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à vitesse grand V, par exemple... Le public y est sensible, mais il manque des actes. L'inertie est forte…"

Propos recueillis par Catherine Levesque.

Quelques films de Maurice Dubroca

Les Hyènes de Harar
Chanteurs d'oiseaux avec Jean Boucault et Johnny Rasse (2014)
Frans Krajcderg, portrait d'une révolte (2003 – Cet artiste brésilien décédé l'an dernier a laissé une œuvre engagée contre la destruction de la forêt amazonienne, NDLR).

 



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Fabrice Nicolino : "C'est maintenant ou jamais"

« Nous voulons des coquelicots » Cet appel simple et poétique a été lancé le 12 septembre dernier par une douzaine de bénévoles et une centaine de signataires. À l'origine, il y a Fabrice Nicolino et un constat : "L’heure n’est plus à compter les oiseaux, les abeilles, les papillons morts et les humains malades." Près de 300 000 personnes ont déjà signé l'appel. La genèse du mouvement.

Pour Fabrice Nicolino, c'est maintenant ou jamais. "Le temps est venu de relever la tête pacifiquement, mais avec force, estime le journaliste et président de "Nous voulons des coquelicots", qui a signé un livre-manifeste éponyme avec François Veillerette*. On est trop immobiles face à ce système. Ça fait vingt ans que je m'intéresse au sujet des pesticides. L'idée a germé dans ma tête avec la comédie du glyphosate, alors qu'il existe des milliers d'autres molécules tout aussi contestables. Discuter molécule par molécule n'a aucun sens alors que d'autres sortent sur le marché. Je cherchais un moyen de sortir du cadre des négociations vaines et la dernière étude du CNRS et du Muséum annonçant un "printemps silencieux" m'a poussé à lancer une mobilisation, que nous avons pensée comme une architecture. Ce n'est pas une pétition mais bien un appel à la résistance. Celui qui le signe s'engage et nous espérons 5 millions de signataires en deux ans."

Une mobilisation à la manière d’un Téléthon

Pendant toute la durée de l’Appel – deux ans donc – et chaque premier vendredi du mois, les signataires sont invités à se retrouver à 18 heures sur les places des villes et des villages où ils habitent. Le 5 octobre, à 18 h 30, se sont tenus, selon leurs estimations, environ 500 rassemblements en France, dont beaucoup devant les mairies, soit a minima 15 000 personnes. "Nous sommes épatés par cette montée en puissance, se réjouit Fabrice Nicolino, et par le soutien de certains élus et d'entreprises comme Nature et Découvertes, Biocoop…"

Un nouvel appel est lancé pour une présence devant les mairies le vendredi 2 novembre, à 18 h 30. Nous serons alors en plein Festival de Ménigoute ! Si Fabrice Nicolino regrette de ne pouvoir s'y rendre en raison des lourdes séquelles de santé consécutives à l'attentat de Charlie Hebdo, une jeune bénévole passionnée, Jade Jourdan, donnera une conférence sur ce sujet le 4 novembre en direct de la Web TV, de 10 heures à 11 heures. En attendant, n'hésitez pas à afficher les cocardes en vente sur le site officiel !

Catherine Levesque.

* Éditions Les Liens qui libèrent (LLL), 8 €

www.nousvoulonsdescoquelicots.org
Facebook : www.facebook.com/appel.des.coquelicots
Twitter : twitter.com/coquelicots_
Instagram : www.instagram.com/appelcoquelicots
YouTube



 

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Costa Rica - Les clés pour bien voyager

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Après l’Islande et l’Écosse, voici les clés d'un autre paradis naturaliste : le Costa Rica. Petite par sa superficie, immense par sa biodiversité, la plus belle vitrine de l'écotourisme nous est ici présentée par deux passionnés : Sylvain Mahuzier, guide naturaliste et conférencier, et Sylvain Lefebvre, biologiste, photographe et cinéaste naturaliste (on lui doit notamment le film Selva, primé au FIFO en 2012). Afin de préparer au mieux son voyage dans cet éden vert où les spots naturalistes foisonnent, ils nous proposent une sélection de balades à pied, en bateau ou sur des ponts suspendus ! À la fois beau et pratique, ce livre de spécialistes regorge de conseils, coups de cœur, pièges à éviter…

192 pages – 175 x 248 mm. Éd. Glénat (25 €).


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Une oasis d’espoir

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Bien connu des festivaliers pour les clichés de la Brenne réalisés avec son complice Jean-François Hellio, Nicolas Van Ingen nous livre cette fois un film, Une oasis d'espoir, réalisé avec Jean-Baptiste Pouchain aux portes du Sahara marocain. Le fleuve Drâa et sa civilisation agricole disparaissent près de M’Hamid, dernière ville avant les dunes. À 35 km de là, Tahar El-Ammari travaille d’arrache-pied à la réhabilitation agroécologique de l’oasis de sa naissance, abandonnée lors de la sédentarisation des anciens nomades.

Diffusion le mardi 13 novembre, à 20 h 40, sur Ushuaïa TV

 

 


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Devenez ornitho 2.0 !

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Natagora et la LPO lancent une formation à l'ornithologie en ligne. En plus des compétences requises pour l’identification des oiseaux, ce Mooc Ornitho certifiant dispense des connaissances élargies sur l’avifaune (comportements nuptiaux, migratoires, régimes alimentaires, etc.) et se présente sous forme de « packs » accessibles après une inscription payante (cinq packs d’une dizaine de cours chacun). Cette formation en ligne permet de suivre les cours à son rythme en toute autonomie (quatre à six mois par pack). Elle sera complétée par une formation pratique avec des sessions en extérieur sur une journée, un week-end ou plusieurs jours.

Inscriptions (150€/pack) possibles jusqu'au 30 novembre sur www.mooc-ornitho.org.

 



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La sélection mensuelle de FIFO-Distribution :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com



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Crédits photo : David ALLEMAND, Philippe BOLLE, FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org