PRÉSENTATION DU JURY 2023

 

Marie AMIGUET, Présidente du 39ème FESTIVAL

 

Marie Amiguet

Popularisée par le film La Panthère des neiges, qu'elle a coréalisé avec Vincent Munier, Marie Amiguet présidera le jury du 39e Festival de Ménigoute. Interview.

• Quelle est votre actualité ?
Nous finissons ces jours-ci le tournage (j'y suis cadreuse) du troisième opus sur les loups de Jean-Michel Bertrand, avec qui j’avais déjà travaillé précédemment, et qui sortira en salle début 2024. Il y donne la parole aux gens que l'on n’entend pas dans les médias, la voie du vivre ensemble, du dialogue, du respect.
Je travaille ensuite sur le repérage et le tournage d’un nouveau documentaire qui nous plongera dans les mystères de la communication intuitive avec les animaux. Une forme un peu nouvelle pour moi, car cette fois-ci je serai derrière mais aussi devant la caméra, en tant que cobaye et « passeuse » entre les personnages. Peut-être aussi à la caméra sur le tournage d'une fiction cinéma sur le retour du loup. Encore les loups…

• À la sortie de La Panthère des neiges (cf. newsletter de novembre 2021), vous aspiriez à ralentir. Le César (cf. newsletter de mars) que vous avez remporté a-t-il changé la donne ?
Non ça n’a rien changé de fondamental, même si cette notoriété subite fait qu’on s’intéressera peut-être davantage à mes projets aujourd’hui et que j'ai plus d'assurance pour défendre mon travail. Je ne calcule pas vraiment ma « carrière », je me laisse porter par mes intuitions et mes coups de cœur (ou de gueule). Paradoxalement, j’ai besoin de me détourner un peu de l’image et des écrans : je rêve depuis longtemps d'expérimenter le métier de bergère, ce qui semble se mettre en place pour cet été, et je me lance dans l’écriture d’un livre.

• Quel est le sujet de ce livre ?
Il sera sûrement en partie corrélé au projet de film. J'ai eu besoin de légitimer ce projet au travers notamment d'une résidence d’écriture. À l'Iffcam, nous avons appris le processus d'écriture documentaire, images et sons à l'appui, mais écrire un livre alors qu'on n'est pas écrivaine et que les librairies regorgent de lectures exceptionnelles, c'est une autre paire de manches ! J’ai été sollicitée par Stéphane Durand, qui intervenait à l'Iffcam et dirige la collection Mondes sauvages, chez Actes Sud.
C'est encore flou, mais je veux rendre un hommage au sauvage à travers mon vécu et surtout mes rencontres… J’y raconterai comment l’univers non humain, qu’il s’agisse des grands espaces, du monde végétal, minéral et bien sûr animal, m’a reconnectée à moi-même (et finalement aux humains) et comment cela me fait grandir chaque jour en me faisant entrevoir une société plus belle.

• Comment envisagez-vous votre rôle de présidente du jury au prochain Festival de Ménigoute ?
Ces dernières années, j’ai refusé tous les jurys qu'on m'a proposés (sauf celui du Festival international film & livre d’aventure de La Rochelle, en novembre dernier), car j’étais saturée d’images. Quand on passe 90 % de son temps au montage devant les écrans, on n'aspire pas à aller s'enfermer dans une salle obscure. Je suis très heureuse et très honorée de pouvoir répondre à l’invitation de Dominique Brouard, même si c'est difficile de m'engager si longtemps à l’avance. Je suis d’autant plus touchée que peu de femmes ont eu ce rôle au FIFO. Je l’assumerai avec curiosité, passion et enthousiasme. J’ai envie de voir comment le film animalier a évolué… et hâte de connaître le reste du jury. Ça me met une claque quand je calcule qu'il y a douze ans, je faisais mon premier FIFO, que l'année d'après je faisais partie du jury Jeunes regards...

• Vous succédez à Paul-Aurélien Combre, qui était pour sa part le premier président du jury issu comme vous de l’École de cinéma animalier de Ménigoute (Iffcam). Pensez-vous que l’avenir est aux Iffcamiens ?
Cela me paraît inéluctable ! J'imagine que c’était d’ailleurs le souhait de Dominique Brouard, lors de la création de l’Iffcam, que de créer un vivier de réalisateurs concernés. Il y est parvenu puisque nous revenons toujours à Ménigoute avec amour et envie. Chaque étudiant.e cherche sa place, mais ce réseau ouvre des portes intéressantes et originales et ça va dans le bon sens, un sens militant. Il faut tout de même veiller à ne pas tourner en vase clos !


Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre