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Festival de Ménigoute


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Septième arme

Les amateurs de cinéma animalier étaient fébriles, le vendredi 24 février, devant la 48e Cérémonie des Césars. Un an après la victoire de Marie Amiguet et Vincent Munier pour La Panthère des neiges, Le Chêne remporterait-il le César du meilleur documentaire ? Malheureusement, il n’en fut rien, et l’on n’aperçut que furtivement dans le parterre d’invités bien habillés l’un de ses coréalisateurs, Laurent Charbonnier, grand habitué du Festival de Ménigoute. Et ce juste après l’hommage à Jacques Perrin, lui aussi fidèle du FIFO, qui fut l’un des rares producteurs à offrir au cinéma animalier des budgets de blockbusters.

Une émission de France Inter sur le cinéma animalier

Une question récurrente resurgit alors dans mon esprit : le 7e art méprise-t-il le cinéma animalier ? Le considère-t-il comme un genre mineur ? Certes, certains réalisateurs tirent leur épingle du jeu, mais si peu… C’est donc avec intérêt que l’on écoutera l’émission de France Inter, On aura tout vu, qui était consacrée à ce sujet, avec pour invité le réalisateur Maxence Lamoureux, auteur d’une thèse sur le cinéma animalier. Dommage qu’il n’ait à aucun moment été question ni du festival, ni de l’École de cinéma animalier de Ménigoute, l’Iffcam (après tout, on cite souvent les écoles dont sont issus les grands du 7e art !).

« Il nous reste 761 jours »

Il y eut un autre moment fort dans cette cérémonie de plus en plus décriée : l’irruption pacifique d’une activiste du collectif Dernière rénovation, immédiatement évincée par les agents de sécurité. L’antenne a été coupée et les spectateurs n’ont pas eu le temps de lire le message inscrit sur son tee-shirt : « We have 761 days left » [« il nous reste 761 jours »], allusion à la mise en garde du dernier rapport du GIEC sur l’urgence à agir.
À l’initiative de Cyril Dion, cette « censure » a donné lieu à une pertinente tribune d’une vingtaine de professionnels du cinéma publiée le lendemain dans Le Monde : « Nous, professionnels du cinéma, ne pouvons pas continuer à faire comme si de rien n’était tandis que notre planète devient inhabitable ». Deux questions y sont soulevées : comment aborder l’urgence climatique durant la cérémonie, qui n’hésite plus à s’aventurer sur le terrain d’autres sujets graves (violences faites aux femmes, répression en Iran…) ? Comment faire en sorte que le cinéma s’empare du sujet, contribue à l’émergence d’un monde juste et soutenable ? Voire, comment faire du cinéma avec une empreinte écologique plus légère ? Cette question était d’ailleurs abordée lors du dernier Festival de Ménigoute et le sera de nouveau cette année de manière plus approfondie lors d’ateliers professionnels.
Et des films récents comme La Montagne, prouvent que l’on peut intégrer la problématique du changement climatique dans un récit poétique et artistique. L’émergence d’une 7e arme ?

Catherine Levesque-Lecointre

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La Griffe de Cat avec Laurent Charbonnier

Invité de La Griffe de Cat, une rubrique de la Web TV du festival, Laurent Charbonnier revient dans cette interview sur Le Chêne, une fiction naturaliste qu'il a coréalisée avec Michel Seydoux, et qui a fait environ 500 000 entrées en France. Le film, qui rencontre un beau succès à l’étranger, sort en mars en Allemagne.

Réalisation de la vidéo : Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute.

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Joël Brunet : « On ne peut pas passer sa vie dans la nature et garder les bras croisés face à sa dégradation »

Photographe engagé depuis une trentaine d’années et guide accompagnateur, le Lorrain Joël Brunet sera l’invité d’honneur du Salon d’art animalier lors du prochain Festival de Ménigoute, où il présentera sa nouvelle exposition sur le renard, ainsi qu’une exposition en extérieur.

• Comment est née votre vocation de photographe animalier ?
J’ai commencé il y a une trentaine d’années, comme beaucoup en faisant des photos de mésanges à la mangeoire. C’était l’époque de l’argentique et le Web n’existait pas ! Je me suis inscrit dans une association de photo en Lorraine, où se trouvait le gratin des photographes de l’Est de la France, comme Michel et Vincent Munier, avec beaucoup de naturalistes pointus. Rien à voir avec un club photo ! Ça a été mon école et ça m’a incité à l’exigence. J’y ai rencontré Marc Jardel, le fondateur de Jama, qui m’a aidé sur les accessoires, le bricolage. J’étais captivé par les récits de Robert Hainard dans Les mammifères sauvages d’Europe* et j’ai d’abord beaucoup photographié le blaireau. J’ai exposé à Montier-en-Der dès la deuxième édtion. Un jour, en me baladant dans la Meuse, j’ai photographié un chat sans savoir qu’il était sauvage. Cette espèce, qui était déjà suivie par François Nowicky, m’a fasciné au point que j’en ai fait un film.

• Pourquoi cette incursion dans le cinéma animalier ?
À un moment donné, je n’ai fait que de la vidéo. Un film existait sur le chat sauvage, mais je me suis lancé un défi pour cette espèce. J’ai fait moi-même le montage, le mixage… Ce 26 minutes avait plein de défauts, mais il a été sélectionné à Ménigoute en 2018. Ça a été une révélation pour moi ! Marie-Christine Brouard m’avait confié un petit emplacement pour une expo. C’est donc la troisième fois que je m’y rends cette année.

• Quelle exposition allez-vous y présenter ?
Je suis passionné par les mammifères, mais j’aime aussi les oiseaux, et je photographie surtout la faune du Bugey, dans l’Ain, depuis que j’ai quitté la Lorraine, meurtrie par la ligne TGV Paris-Strasbourg et l’agriculture intensive. Je suis à environ 900 m d’altitude et l'existence de prairies permet la présence de chats sauvages, de renards, d’hermines… J’y encadre des stages photos cinq mois par an et suis à l’affût sur le terrain du matin au soir. J’ai une cartographie instantanée de tous les animaux de mon secteur, je vois des chats sauvages tous les jours et je sais précisément à quel individu j’ai affaire. J’ai toujours envie de voir le lynx, mais il a un territoire de 400 m2 donc c’est plus compliqué !

• Vous avez publié deux ouvrages sur la nature du Bugey. Pourquoi l’auto-édition ?
Je fais mes livres tout seul, car j’aime bien avoir les mains libres. Je les mets en prévente sur des sites de crowfunding comme Ulule. Le premier est épuisé, mais le deuxième est disponible dans ma boutique en ligne, tout comme mes tirages photo.

• Vous accompagnez des voyages photographiques, vous vous engagez auprès d’associations… Quelle est votre vision du métier ?
Quand j’ai commencé la photo, nous n’avions que des livres pour nous documenter et peu de gens voyageaient. Les premières photos que Vincent Munier a réalisées de harfangs des neiges, de bœufs musqués… sont désormais banalisées. Il n’y a plus que deux magazines de photo de nature en France et les agences de photos bradent leurs images. La vidéo prend le dessus sur les réseaux sociaux, et cela s’aggrave avec Tik Tok. Je ferais plus de vues si je filmais un chat domestique en train de tomber d’un toit ! Je suis professionnel depuis 2014, mais on ne vit plus de la vente de nos images, d’où l’auto-édition pour éviter les intermédiaires, et la diversification de nos activités à travers les stages et le guidage. Chaque année, j’accompagne des voyages en Alaska et dans le Yukon pour Amarok.

• Qu’allez-vous présenter au Festival de Ménigoute ?
Pour moi, photographie et militantisme sont indissociables. On ne peut pas passer sa vie dans la nature et garder les bras croisés face à sa dégradation. Dans mon deuxième ouvrage, je fais notamment intervenir Marc Giraud pour l’Aspas et le directeur du centre Athenas. On m’a commandé une exposition sur le renard en hiver et j’ai donc décidé d’en profiter pour servir la cause de cette espèce, dont 600 000 individus sont tués chaque année en France. J’ai fait financer « Renard l’incompris » sur Ulule en reversant la moitié des dons aux associations. C'est cette exposition qui sera présentée au Festival de Ménigoute et je suis très content qu’il s’agisse de faune locale. Et particulièrement fier d’en être l’invité d’honneur.

Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre

* Éditions Delachaux et Niestlé

Pour en savoir plus :
www.joelbrunet.com
Boutique en ligne : bugeysauvage.com
Page Facebook

 



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Hommage à Michel Terrasse

Complice de la première heure, Michel Terrasse nous a quittés le 13 janvier à l’âge de 84 ans. Président du jury de la 13e édition du Festival, en 1997, cet ornithologue d’envergure mondiale réalisa une vingtaine de films sur les oiseaux(1) et joua un rôle crucial dans la protection des rapaces et la réintroduction des vautours. Une soirée hommage sera programmée lors du prochain festival de Ménigoute.

Le toponyme de son lieu de naissance, La Garenne-Colombes, a des accents prémonitoires. Propulsé en 1942 chez ses grands-parents francs-comtois alors qu’il n’a que 4 ans, avec son frère Jean-François, pour échapper à la guerre, Michel Terrasse vit au contact de la nature et côtoie rapidement, à son retour en Île-de-France, les entomologistes du Muséum national d’Histoire naturelle. Parallèlement à ses études de pharmacie, il se forme à l’ornithologie, dévore Hainard et Géroudet. Il n’a que 20 ans à la mort de son père, qui venait d’acheter une caméra 16 mm, et commence à filmer la nature ordinaire avec son frère. Leurs réalisations sont vite plébiscitées. Le premier film de Michel Terrasse, Pyrénées montagne des aigles, sort en 1964.

« Un naturaliste qui aime filmer les bêtes »

Pendant vingt ans, l’ornithologue au sourire légendaire mène de front son métier de pharmacien et sa passion naturaliste. Il parcourt la France de réunion en réunion, bobines sous le bras. « Le cinéma n’était pour moi que le support de mes causeries pour la protection de la nature », confie-t-il dans notre ouvrage Rencontres à Ménigoute(2), se définissant comme « un naturaliste qui aime filmer les bêtes ».
Les droits d’entrée sont alors reversés à la toute jeune association qu’il a créée en 1969 avec Jean-François, le Fonds d'intervention pour les rapaces (FIR). C’est grâce au FIR que tous les rapaces de France seront protégés en 1972 et en 1976.
À 40 ans, il arrête la pharmacie pour faire du cinéma son unique métier et s’entoure de techniciens.

Un lien indéfectible avec le Festival de Ménigoute

En février 1982, Michel accepte de présenter ses films à la première Quinzaine de la nature initiée par Dominique Brouard, qui préfigure alors le Festival de Ménigoute. Les faucons d'Eléonore et Le bal des charognards sont projetés à Vasles, Ménigoute et Vausseroux. « Les salles étaient combles et les échanges avec le public passionnés à l'issue des projections », témoigne Dominique Brouard.

Dès le premier festival, en 1985, Michel projette Entre terre et mer, un documentaire sur la baie de l’Aiguillon. Lors de la deuxième édition, sa Nonette du Groënland remporte le Grand Prix. L’année suivante, Le retour du Bouldras décroche le Prix pour la protection de la nature : « Ce fut une soirée exceptionnelle en présence de Robert Hainard et d'Allain Bougrain Dubourg, se souvient Dominique Brouard, un moment inoubliable ».  En 1993, il obtient de nouveau le Lirou d’or avec Condors en

filmant des scènes qui n'avaient encore jamais été observées. En 1995, son film sur le retour du gypaète est récompensé par le Prix du meilleur documentaire à vocation pédagogique. Mais c’est Le Paris des faucons, réalisé en 1992, qu’il considérait comme le plus abouti de sa carrière de cinéaste.

Le chantre de la réintroduction des vautours

Lorsque le FIR et la LPO fusionnent, en 1998, Michel Terrasse devient vice-président et présidera la Vulture Conservation Foundation de 2009 à 2012. C’est probablement là sa plus grande œuvre, avoir pu reconstituer des populations viables pour les quatre espèces de rapaces nécrophages d’Europe : les vautours fauve et moine, le gypaète barbu et le vautour percnoptère.

C’est grâce à Michel Terrasse que la technique des placettes d’alimentation (charniers) fut utilisée dans les Causses, puis dans l’Europe entière, en parvenant à modifier les règlements européens qui interdisaient de laisser les herbivores domestiques morts à l’air libre pour des raisons sanitaires.

Un intervenant à l’Iffcam

Chef opérateur sur le film de Jacques Perrin, Le Peuple migrateur, en 2001, Michel Terrasse enseigne aussi à l’Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute (Iffcam), notamment sur les questions de déontologie dans la réalisation de films documentaires animaliers. « Si j’étais un jeune cinéaste animalier, je m’amuserais comme un fou avec ces drones, caméra bouton et autres évolutions technologiques », nous avait-il confié lors des 30 ans du Fifo. « Michel Terrasse est intervenu dès la première année de formation auprès de l’Iffcam, se souvient Marie Daniel, directrice de l’établissement. J’étais alors étudiante et son intervention m’a profondément marquée. Nous prenions conscience grâce à lui de notre responsabilité vis-à-vis des animaux que nous allions filmer au cours de notre parcours d’étudiants et de futurs pro, des possibles dégâts qu’il nous faudrait absolument éviter. Aujourd’hui, je suis fière que son enseignement se poursuive auprès des étudiants grâce à l’intervention de Jérôme Lombard sur la charte des étudiants de l’iffcam et au cours de prise de conscience et d’éthique qu’il dispense. L’engagement de Michel Terrasse continue de porter ses fruits vingt ans après. »

Sa collection de livres et ses bobines 35 mm ont été confiées à la municipalité de Ménigoute ; elles rejoindront les rangs de la bibliothèque léguée par Jean-Marc Thiollay (voir l’hommage dans notre infolettre de novembre 2021), qui sera aménagée dans le château Boucard.

Catherine Levesque-Lecointre

(1) Parmi eux, L’oued (1972), Sous les ailes du condor (1977), Les faucons d’Eléonore (1978), Entre terre et mer (1983), Le bal des charognards (1984), Le retour du bouldras (1985), Le Paris des faucons (1992)…

(2) Rencontres à Ménigoute, de Christian Proust, avec la collaboration de Dominique Brouard, éd. Association Mainate (2014).




 

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Suivez en direct le retour des hirondelles

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La LPO et BFMTV lancent une opération, inédite au niveau mondial, pour permettre aux Français de suivre l’arrivée des hirondelles tout en signalant leurs propres observations. Depuis le 17 février est présentée chaque vendredi matin la carte de l’avancée du retour des migratrices lors des bulletins météo de la chaîne, à 6 h 28, 7 h 28 et 9 h 28, accompagnée de vidéos et d’informations sur l’espèce. Vous pouvez enregistrer vos observations via un formulaire en ligne sur le site de la LPO afin de générer une carte participative du suivi. Des webcams permettront également d’assister en direct à la nidification jusqu’à l’envol des oisillons, attendu en mai. L’objectif de cette opération #Leretourdeshirondelles, réalisée avec le soutien de l’Office français de la biodiversité (OFB), est de sensibiliser aux menaces qui pèsent sur elles. Leurs effectifs tricolores ont ainsi chuté de près de 25 % ces trente dernières années.

Téléchargez des fiches conseils pour les préserver.



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5e édition du festival Territoires sauvages

breveLe festival Territoires sauvages reprend ses quartiers dans le Bassin d'Arcachon du vendredi 7 au lundi 10 avril autour du thème de l'eau, choisi pour marquer les 50 ans de la réserve ornithologique du Teich (Gironde), devant laquelle se déroulent les festivités. Au programme, films naturalistes issus d’une sélection de la 38e édition du Festival de Ménigoute (Cocheurs, Paysans sentinelles, Quand vient la pluie… en présence des réalisateurs), balades guidées, contées, rencontres avec les parcs naturels de Nouvelle-Aquitaine, expositions, conférences, crieur sur échasses…Ces activités sont gratuites mais majoritairement sur inscriptions à partir du 8 mars. Vous avez jusqu’au 5 mars pour participer au concours photos annuel.

Plus d’informations sur : www.territoires-sauvages.fr



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15e Nuit de la chouette

breveVoilà plus de 25 ans que la LPO organise tous les deux ans la Nuit de la chouette. Venez profiter de l'expérience et des anecdotes des nombreux guides naturalistes qui lèveront le voile sur la hulotte, la chevêche d'Athéna, le hibou moyen duc, le grand-duc ou l'effraie des clochers. Près de 150 structures partenaires encadrent de nombreuses animations en France au cours du mois de mars : sorties nature, conférences, projections, ateliers de construction de nichoirs ou de dissection de pelotes de réjection.

Plus d’informations : https://nuitdelachouette.lpo.fr/




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Ce mois-ci, FIFO-Distribution vous propose :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com

 

 



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Crédits photo : FIFO - Freepik - Daniel Pain
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org