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Festival de Ménigoute


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Mirage manifeste

Le soleil était éblouissant. Le programme foisonnant. Les Espaces Générations Nature avaient des airs de Ménigoute géant. De temps en temps, on croisait une tête connue cachée derrière un masque : un militant, une responsable politique, un journaliste. Et des scolaires, des Marseillais… venus s’émerveiller dans la serre des papillons ou devant un jeu high tech. Au Congrès mondial de la nature, début septembre, on avait le sentiment de vivre un moment important. Des décisions se tricotaient dans le dédale de couloirs du palais Chanot. Il fallait choisir entre tel point presse ou telle conférence, renoncer à une animation au profit d’une rencontre, s’attarder sur un stand en quittant le précédent avec regret. Au Congrès mondial de la nature, il fallait faire des choix, pour les chercheurs comme pour les visiteurs.
Il y a eu le coup de gueule de Harrison Ford, le discours d’Emmanuel Macron, la présence inédite de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, inquiète de voir la finance si dépendante de la biodiversité. Il y a eu les détracteurs, stigmatisant certains sponsors du congrès. Il y a eu le Manifeste de Marseille, proclamé en clôture du congrès, l’espoir en bandoulière.

Douche écossaise

Et il y a eu les lendemains qui déchantent. On a beau savoir que les motions votées par l’UICN ne sont que des recommandations, on a beau connaître l’ambivalence de nos dirigeants, la douche a été froide de retour de la Canebière.
Voilà que notre Président envisageait sans rougir d’autoriser le piégeage traditionnel de plus de 110 000 oiseaux (alouette des champs, vanneau huppé…), piétinant les déclarations du Conseil d’État et de la Cour de Justice européenne sur ces pratiques illégales.

Puis c’était au préfet de région Occitanie de remettre en question le dossier Life ours Pyr, qui avait pour ambition de pérenniser la population de plantigrades grâce à un budget financé aux trois quarts par l’Union européenne.

Si les protecteurs de la nature sont malheureusement rompus à ces volte-face, il est à craindre qu’elles ne redoublent à l’approche des élections. Il sera donc salutaire de se galvaniser en terrain familier lors du prochain Festival de Ménigoute. Nous lançons à cet égard un appel à bénévoles ! Les conditions sanitaires compliquées exigent de nouvelles têtes et de nouveaux bras pour soutenir l’équipe de volontaires.
Pour prêter main forte, il vous suffit de remplir un formulaire en ligne.
À l’image de cette 37e édition, cette newsletter est elle aussi atypique et centrée sur les films en compétition. Vous retrouverez le reste de la programmation dans une autre newsletter dix jours avant le lancement du festival. Au plaisir, immense, de vous y retrouver bientôt !

Catherine Levesque-Lecointre

> Téléchargez le dépliant du 37e FIFO

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Un aperçu des films en compétition

Avec 67 projections, dont dix courts-métrages et 3 films hors compétition, la 37e édition du Festival international du film de Ménigoute sera particulièrement riche. Les films en compétition seront scrutés par deux jurys : l’un présidé par le réalisateur Thierry Thomas (cf. notre interview de janvier 2020) ; et Jury Jeunes Regards, dédié aux courts-métrages et composé de jeunes étudiants de l’Iffcam.

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Films en compétition : une année singulière

En raison de l’annulation de l’édition 2020, la sélection des films a été reconduite cette année, avec une quinzaine de films supplémentaires. Il y aura donc exceptionnellement deux Grands Prix en 2021 et cinq séances par jour proposant deux à trois films, dès le mardi 26 octobre, à 15 heures. Certaines séances seront décentralisées sur deux communes voisines, Parthenay et Vasles. Et le jury aura une journée supplémentaire pour visionner les films, avec la possibilité d’en voir certains en ligne, en amont. Les impressions de Philippe de Grissac, vice-président de la LPO, et de Patrick Luneau, réalisateur, qui ont visionné à eux deux plus de 120 films !

Dans notre newsletter d’août 2020, Philippe de Grissac avait souligné la prégnance des thématiques du changement climatique et de la perte de la biodiversité dans les films proposés à la sélection, y compris dans les monographies sur des espèces d’oiseaux, ainsi qu’un sujet émergent : le chant des oiseaux. « La connaissance des chants, outre le plaisir qu’elle procure, devient un formidable outil de découverte dans l’ornithologie moderne, confie le vice-président de la LPO, qui revendique 77 heures de visionnage à lui seul ! Si les thèmes se répètent et si le format 52 minutes domine, une originalité se fait jour à travers certaines libertés cinématographiques ou à travers le montage ».
Et de confirmer son coup de cœur pour un moyen-métrage géorgien, une nationalité représentée pour la première fois : « Ce film très bien monté aborde la place de la nature en ville. Moi qui n’aime guère la musique dans les documentaires, j’ai adoré le début : un long travelling en voiture avec un morceau rock, qui nous emmène dans un chantier. Et là, un son qui intrigue… Je n’en dis pas plus ! Un autre film assez nouveau explore la frontière ténue entre l’homme et les grands primates, avec une démonstration très pertinente. On retrouve aussi un réalisateur iranien avec un film sur le guépard asiatique traité à la manière d’une enquête. Dans la saga des films sur les loups, un documentaire espagnol sur les rapports entre le canidé et les bergers casse quelques poncifs ».

Les ornithologues trouveront aussi leur compte dans cette sélection avec des formats plus courts sur le kea (un perroquet néo-zélandais) et sur les républicains sociables, un documentaire allemand sur la grande outarde, sous l’angle de la recherche, Glorious bustard, un film russe sur le bécasseau spatule, une espèce mythique devenue rare, ou encore sur les hivernants nord-américains en Amérique latine (Back to the south - The american golden plover and the buff-breasted sandpipers journey), sans oublier le kakapo et le takahe en Nouvelle-Zélande.

Pépites et œuvres atypiques

À noter également, l’enquête d’un journaliste sur la disparition des oiseaux communs aux côtés d’un célèbre ornitho allemand. « C’est un film à la fois fluide et très documenté qui délivre un message d’espoir à la fin, où le journaliste s’efface derrière son propos », commente Philippe de Grissac.
Les zones humides ne sont pas en reste, abordées dans plusieurs films, dont un de l’Allemand Jan Haft, un habitué du… palmarès.
Parmi les pépites repérées par Patrick Luneau, un 52 min sur la quête du silence, qui met en scène l’audio-naturaliste Boris Jollivet, connu de nos festivaliers. « On a tendance à oublier l’importance du son dans un film animalier et la façon dont nos univers sonores évoluent au fil de l’histoire. Ce film permet de prendre conscience de la pollution sonore. J’ai aussi été séduit par un film français, Amnésie de nature, qui explique comment la mémoire de la nature se perd au fil des générations. On finit par se contenter de ce que l’on a et ce documentaire nous invite à lutter contre cela. J’ai une appétence pour les films qui dénoncent quelque chose, notamment celui d’anciens élèves de l’Iffcam sur la capture des chardonnerets en Algérie, qui sont ensuite élevés dans des cages. La problématique est bien posée, sans agressivité, avec une solution qui fonctionne. Qu’on se le dise, je milite d’ailleurs pour un Prix du lanceur d’alerte ! Même si le courage d’alerter est pris en compte de manière implicite dans notre choix de films. »
Autre œuvre atypique, l’histoire de la recolonisation par la nature d’une mine désaffectée, en Espagne, avec « des images étonnantes de gélinotte, de chevêche, de huppe, de grand-duc… J’ai trouvé passionnants les comportements saisis dans le film sur le léopard et sur la loutre. »
Deux photographes déjà venus au festival sont à l’honneur dans la programmation : Frédéric Larrey, avec son film sur la panthère des neiges et Laurent Baheux, au centre du film Félins noir sur blanc.
Quant aux deux films hors compétition*, qui ont pour sujets la Brenne et l’île de Sainte-Hélène, ils seront projetés le dimanche 31 dans l’après-midi. Sans oublier Lynx (voir l’interview du réalisateur), qui sera projeté en avant-première lors de la soirée de clôture, avant sa sortie en salle le 19 janvier prochain

Catherine Levesque-Lecointre.

* « Attention fragile, les étangs de la Brenne » (Patrick Luneau et Nicolas Van Ingen – Bip TV et Fifo Distribution) « Sainte-Hélène, bastion de la biodiveristé » (Rémi Demarthon et Alexandra Childs - Ushuaïa TV et Les Films en vrac).

Photo d'illustration extraite du film hors compétition Sainte-Hélène, bastion de la biodiversité, de Rémi Demarthon & Alexandra Childs



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Crédits photo : Michel Queral - Rémi Demarthon & Alexandra Childs - FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org