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Festival de Ménigoute


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Ministère de l’impossible ?

Puisque c’est la saison des cahiers de vacances, révisons notre histoire de France. Connaissez-vous Robert Poujade ? Son patronyme est associé injustement à un mouvement des années 50 créé par Pierre Poujade, et connoté négativement. Décédé en avril dernier, cet homme politique a été, entre 1971 et 1974, le premier ministre de la Protection de la nature et de l'Environnement, sous la présidence de Georges Pompidou.
La création de ce ministère, qualifié de « ministère de l’impossible » par Poujade lui-même dans son livre éponyme1, faisait suite à un discours du chef de l’État prononcé aux États-Unis le 28 février 1970, dans lequel il souligne que "l'emprise de l'homme sur la nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-même".

Ces mots prononcés il y a cinquante ans résonnent plus que jamais avec notre époque. Et d’ajouter : "La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l'homme du début de ce siècle s'acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu'il importe de protéger pour que la terre demeure habitable à l'homme."

Vers une « écologie du mieux » ?

À la faveur de la démission du gouvernement, c’est Barbara Pompili qui revient séjourner à l’hôtel de Roquelaure (c’est l’adresse du ministère, pas celle de ses vacances !). Ex-secrétaire d’État chargée de la biodiversité auprès de Ségolène Royal, elle a porté la fameuse loi pour la reconquête de la biodiversité promulguée le 8 août 2016, qui a notamment introduit la notion de préjudice écologique dans le code civil.
Nul ne doute de sa connaissance des dossiers, donc, mais aura-t-elle les moyens d’empoigner la transition écologique promise par notre président, qui croit désormais à « une écologie du mieux » et pas à une « écologie du moins » (comprenne qui pourra) et veut que la France redevienne « une grande nation industrielle par l’écologie » (sic).
Aura-t-elle les coudées franches pour répondre à l’attente d’une majorité de Français illustrée par les résultats des élections municipales fin juin, où plusieurs grande villes sont passées aux mains des écologistes ?

Les marges de progression ne manquent pas. Parmi les récents rappels à l’ordre donnés à nos hauts dirigeants, le Conseil d’État a donné six mois au gouvernement pour ramener ses niveaux de pollution en dioxyde d’azote et en particules fines sous les valeurs limites, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard.
Autre chantier pour la nouvelle ministre, transcrire dans la loi les propositions de la convention citoyenne pour le climat remises au chef de l’État le 21 juin, lequel souhaite organiser « dans les meilleurs délais » un référendum sur l’inscription de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution.

Ne perdons pas de vue que nous devons atteindre la neutralité carbone en 2050 ! Nous vous souhaitons donc d’excellentes vacances décarbonnées respectueuses de la biodiversité !

Catherine Levesque-Lecointre

(1) Le ministère de l'impossible, éd. Calmann-Lévy (1975).

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Lu simou

Une peau terreuse au-dessus, un ventre jaune en dessous et une jolie pupille en forme de cœur : le sonneur à ventre jaune ne ressemble à aucun autre crapaud ! Menacé de disparition dans de nombreuses régions, ce petit crapaud est présent dans les trous d’eau des prairies pâturées et les flaques forestières du parc naturel régional Périgord-Limousin. Partez à sa rencontre dans ce délicieux court-métrage présenté au Festival de Ménigoute en novembre dernier. Signé Marie Daniel et Fabien Mazzocco, il fait la part belle à l’occitan ! (coproduction : Fifo/ parc naturel régional Périgord-Limousin)

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« Faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest est une utopie concrète »

Le célèbre botaniste Francis Hallé sera présent au prochain Festival de Ménigoute pour présenter l’Association Francis Hallé pour la forêt primaire et son projet lors d’une conférence dans la salle omnisport, le vendredi 30 octobre. Rencontre avec Éric Fabre, secrétaire général de l’association, qui aura également un stand dans le Forum du festival.

• À travers cette nouvelle association, Francis Hallé milite pour la renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Comment est accueilli ce projet ?
L’accueil va bien au-delà de nos espérances en termes d’approbation, y compris de la part des institutions que nous avons rencontrées. Nous sommes frappés par le grand intérêt que suscite cette idée alors que l’association n’existe que depuis quinze mois. C’est d’autant plus surprenant que nous avons oublié l’existence de ce type de forêt présent sur notre territoire jusqu’au milieu du XIXe siècle.

• À quoi ressemblerait cette forêt ?
Il s’agit de laisser se développer une forêt en « libre évolution », sans aucun prélèvement, sur environ 60 000 ha, surface minimale pour permettre le retour de la grande faune forestière (ours, loups, lynx, cerfs, ongulés divers et bisons). C’est deux fois la taille d’Oléron, ce qui n’est pas colossal non plus. Ce projet transgénérationnel s’étalerait sur sept à dix siècles selon l’âge des parcelles forestières qui nous seront confiées. C’est la durée nécessaire, celle qu’exige la nature, pour que cette forêt devienne une forêt primaire. Cette forêt de plaine aurait une dimension européenne, entre la France et un pays frontalier.

• Comment s’est constituée l’association ?
Tout est parti de ma rencontre avec Francis Hallé, il y a deux ans, lors d’une dédicace de son ouvrage « Plaidoyer pour l’arbre ». Il a évoqué la nécessité de faire renaître des forêts primaires en me disant que des citoyens comme moi devraient y contribuer, en me laissant sa carte de visite. Séduit par la lecture de son livre, je l’ai recontacté et me suis pris au jeu : j’ai enquêté sur le terrain, interrogé des spécialistes, me suis documenté… Quand on parle au nom de Francis Hallé, les portes s’ouvrent. Nous nous sommes retrouvés à une douzaine dans un monastère de la Drôme pour statuer sur ce projet et l’association est née, et compte aujourd’hui des personnalités comme Gilbert Cochet (qui animera aussi une conférence sur le réensauvagement lors du prochain festival avec Stéphane Durand et Marc Giraud), Jean-Claude Génot, écologue et auteur, Annik Schnitzler, spécialiste des forêts primaires, Laurent Simon, professeur de géographie à La Sorbonne, ou encore des cartographes… Nous sommes désormais 200 avec des profils variés, aussi bien naturalistes, scientifiques que grand public. De jeunes bénévoles nous apportent aussi des compétences.

• Pensez-vous que ce projet puisse avoir un écho différent avec la crise sanitaire, qui a pointé la déforestation parmi les causes de propagation des zoonoses ?
Il est évident que cette crise nous permet d’être mieux entendus. Notre projet prend encore plus de relief et d’acuité et participe de la nécessité absolue de repenser notre rapport à cette planète. Si l’on décloisonne les espaces naturels de manière prédatrice, ça finit par poser problème. Il va falloir permettre à la nature de se reconstituer. En ce sens, faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest est une utopie concrète. La question se pose d’ailleurs dans d’autres endroits du monde.

• N’est-il pas paradoxal de vouloir y accueillir du public ?
Il y aurait une double présence humaine avec des chercheurs, d’une part, et un petit tourisme très encadré, à l’américaine, sur caillebotis, et avec des « bulles des cimes », sortes de petites montgolfières arrimées à des câbles pour voir la forêt d’en haut. Les zones tampons pourraient être des lieux de rencontre et d’acculturation autour de la forêt et du non humain.

• N’est-ce pas un peu utopique de recréer une forêt primaire en Europe quand on voit les dangers qui menacent la forêt primaire de Bialowieża, en Pologne ?
C’est justement en voyant les forêts primaires menacées dans le monde entier, y compris celle de Bialowieża, que Francis Hallé a lancé ce projet, pour mettre un coup d’arrêt à cette tendance. C’est un peu Don Quichotte, mais un Don Quichotte réaliste !

• Comment vous positionnez-vous par rapport à des associations comme « Forêts sauvages », qui prône la protection intégrale de surfaces forestières par la maîtrise foncière, ou « Désobéissance fertile », qui invite à racheter des parcelles de forêts pour les préserver ?
Nous avons pris contact avec Forêts sauvages dès le départ et il n’y a aucune opposition entre nos actions, qui s’articulent. La différence, c’est la quantité d’espace. Les « Réserves de vie sauvage » de l’Aspas, par exemple, concernent des surfaces de 1 000 à 1 500 ha. Nous sommes nettement au-dessus et cette dimension inédite pose des questions nouvelles d’un point de vue spatial, temporel, juridique…

• Ce projet s’inscrit-il dans le réseau Rewilding Europe ?
Nous avons aussi pris contact avec eux dès le démarrage. Mais comme nous sommes sur un « prototype », nous les reverrons début 2021 quand le projet sera plus structuré.

• Une étude d’un centre de recherche de la Commission européenne1 montre une forte augmentation de la récolte du bois dans l’Union européenne depuis 2016. Comment concilier le maintien de ces puits de carbone et le besoin croissant en bois ?
C’est une grande question que Francis Hallé aimerait voir poser au niveau mondial. Il faut certes du bois, mais aussi des forêts qui se reconstituent. Il faut repenser une politique mondiale des forêts hors du cadre gestionnaire de la FAO. Il propose à cet égard un « new deal » mondial de la forêt avec une structure dédiée pour repenser ce que l’on veut faire avec l’arbre.

• Près de 80 % des arbres français ont moins de 100 ans. Les laisser vieillir serait-il une autre réponse efficace au changement climatique ?
Oui, bien sûr ! Les arbres stockent du carbone et produisent de l’oxygène ; les sols forestiers jouent un grand rôle également sur la qualité des ressources en eau. Parmi les enjeux multiples de ce projet, l’enjeu climatique est crucial, au même titre que celui de la biodiversité. L’enjeu est aussi philosophique avec l’idée d’une reconstruction sur le temps long.

• Et à court terme, quelles sont vos échéances ?
Nous allons professionnaliser notre structure. Nous avons déjà des contacts avancés avec l’Unesco et Bruxelles, ce qui exige beaucoup de sérieux. Nous allons faire de notre site Web un lieu ressource pour le plus grand nombre afin d’élever le niveau de conscience. Nous devons en parallèle trouver des partenaires, comme l’UICN, et poursuivre nos réflexions sur le plan juridique. Il nous faut aussi resserrer la focale pour cerner des lieux potentiels. Un groupe de travail localisation a été créé en ce sens et nous avons d’ores et déjà trois grandes pistes. Un voyage d’études est prévu à l’automne dans les Vosges du Nord et le Palatinat, qui constituent l’une de ces pistes. Et nous prévoyons un colloque de concertation en 2021. Quand le projet va « atterrir », pour paraphraser Bruno Latour, nous aurons probablement à gérer des contradictions, mais j’encourage tout un chacun à faire vivre les idées les plus folles !

Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre.

(1) Publiée le 1er juillet dans la revue Nature.

Pour en savoir plus :



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Tourisme vert : l’autre Périgord

Alors que le Parc naturel régional de Gâtine poitevine est en construction, visite guidée chez nos voisins du parc naturel régional Périgord-Limousin, avec Frédéric Dupuy, son directeur adjoint.

Les visiteurs du dernier Festival de Ménigoute se souviennent peut-être de la projection d’un très court film aux accents occitans, Lu simou (voir la rubrique vidéo), qui nous projetait en quelques minutes dans les vertes prairies du parc naturel régional Périgord-Limousin, à la découverte d’un joli petit crapaud, le sonneur à ventre jaune. Ce petit bijou signe le début d’une collaboration entre le parc et FIFO Distribution, qui préparent deux autres courts-métrages en lien avec la politique très dynamique du parc naturel. L’un portera sur la forêt de Rochechouart, en Haute-Vienne, « un massif ancien qui abrite de fortes densités de sonneurs à ventre jaune », précise Frédéric Dupuy, directeur adjoint du parc. « La meilleure période pour les observer se situe entre avril et juin. Avec les parcs du Massif central, nous travaillons sur la gestion durable des forêts anciennes. L’autre film mettra en lumière un projet mené sur les pollinisateurs avec les quatre autres parcs de la région Nouvelle-Aquitaine. Nous réalisons un inventaire des abeilles sauvages sur le territoire, qui en compte entre 300 et 400 espèces. Ce film servira à la sensibilisation du plus large public, notamment sur les services écosystémiques de pollinisation. »

Des paysages de qualité propices à la randonnée

La spécificité de ces courts-métrages est de faire la part belle à l’occitan, grâce à une collaboration avec l’Institut d’études occitanes. « De nombreuses personnes le parlent encore sur notre territoire et la topographie est riche en termes occitans, avec des nuances d’une vallée à l’autre », souligne Frédéric Dupuy. Une identité forte pour un territoire à cheval entre Périgord et Limousin, sur les contreforts du Massif central. « Nous sommes dans une configuration très différente de la Gâtine poitevine, qui est une entité géographique en soi, note Frédéric Dupuy, avec un dénominateur commun : une forte ruralité aux portes de plusieurs agglomérations : Périgueux, Limoges, Angoulême. »
La variété et la qualité des paysages qu’on y rencontre sont une aubaine pour les citadins alentour, comme pour les touristes plus lointains en quête de chemins et de milieux préservés. « Notre patrimoine de sentiers est très important et peut se pratiquer à pied, à vélo ou en VTT. La grande boucle du parc de plus de 200 km offre une vision du territoire complète et nous expérimentons la possibilité d’y bivouaquer avec un minimum de confort (feu, douche solaire, réservation en ligne…). Nous œuvrons aussi pour la qualité du paysage nocturne avec un projet de réserve internationale de ciel étoilé. Nous nous situons au départ de trois grands bassins versants et l’un de nos cours d’eau, la Dronne, a obtenu le label « sites Rivières sauvages ». On y trouve des moules perlières, des truites, des chabots, des cincles plongeurs… »
Autre singularité du parc, la présence d’une réserve naturelle nationale pas comme les autres : celle de l'astroblème de Rochechouart-Chassenon, à cheval sur la Charente et la Haute-Vienne. Une météorite géante d’un kilomètre et demi de diamètre y a fini son voyage à 72 000 km/h il y a 200 millions d’années !

Ce coin de Périgord vert est aussi le point de départ de la Flow Vélo, un itinéraire qui rejoint l’île d’Aix en 290 km, via Rochefort, en suivant en partie d’anciennes voies ferrées et le long des chemins de la Charente (qui prend source à Chéronnac sur le territoire du parc). « Les canons coulés dans les fonderies du Bandiat ont été embarqués sur l’Hermione », s’amuse Frédéric Dupuy. Du Périgord vert à la mer, il n’y a donc qu’un pas !

Catherine Levesque-Lecointre.

© ManonDx

 



 

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« Ne gâchons pas nos retrouvailles avec la nature ! » 

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« Cet été, la nature nous déroule le tapis vert ! » Peut-être avez-vous entendu ce spot à la radio ? C’est l’un des cinq messages véhiculés par l’Office national de la biodiversité dans une campagne de sensibilisation inédite lancée le 6 juillet pour préserver la nature pendant les vacances. « Après la période exceptionnelle que nous avons vécue et dont tous les dangers ne sont pas encore écartés, les agents de l’Office français de la biodiversité sont mobilisés pour accompagner les Français dans leurs retrouvailles avec la nature, attirer leur attention sur la fragilité de nos écosystèmes et les sensibiliser aux gestes qui préservent la biodiversité », argumente Pierre Dubreuil, directeur général de l’Office français de la biodiversité. Avec un procédé illustratif original, la campagne met en scène sept sites naturels français emblématiques à fort enjeu de biodiversité.
Pour chaque image, les espèces animales et végétales représentatives de nos régions ont été dessinées avec précision.

Consultez l’agenda des événements sur : https://ofb.gouv.fr/agenda-ete-biodiversite

 


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Le hamster européen au bord de l’extinction

breveSelon la dernière mise à jour de la Liste rouge de l’UICN, le hamster européen est maintenant en danger critique d’extinction. Autrefois abondant dans toute l’Europe et en Russie, le rongeur a vu ses populations gravement décliner dans toute son aire de répartition en raison d’une baisse des taux de reproduction. Parmi les causes possibles, l’expansion des plantations en monoculture, le réchauffement climatique et la pollution lumineuse.
La hamster européen a ainsi disparu des trois quarts de son habitat d’origine en Alsace, d’au moins un tiers de son aire de répartition en Allemagne et de plus de 75 % de son aire de répartition en Europe de l’Est. L’espèce pourrait disparaître au cours des 30 prochaines années.

Pour en savoir plus : www.grand-hamster-alsace.eu



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Peluchologie

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Prêt pour une “Mission Nounours” ? Aucune compétence naturaliste requise pour cette enquête participative en ligne très sérieuse, en dépit des apparences. Il s’agit d’une étude scientifique sur la perception des nounours par le grand public, lancée par une équipe du service culture scientifique de l’université de Montpellier et des chercheurs du CNRS, de l'IRD et de l'Université Paul-Valéry-Montpellier 3. Il ne vous faudra qu'une dizaine de minutes pour remplir le questionnaire en ligne. Les enfants sont évidemment les bienvenus, mais ce questionnaire s’adresse aussi aux adultes ! Attention à bien lire les questions, qui changent d’une séquence à l’autre.

https://www.biodiful.org/#/nounours

 




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La sélection mensuelle de FIFO-Distribution :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com



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Crédits photo : Patrice Mariolan - ManonDx - FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org