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Festival de Ménigoute


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Résistance(s)

Pour répondre à l’appel du collectif Résistance climatique, j’ai pris un engagement facile en cette période de confinement : renoncer aux déplacements… en avion. Après tout, c’est le moment ou jamais, quand il nous est interdit d’enfourcher ne serait-ce qu’un vélo.
Pour tenir l’objectif de neutralité carbone en 2050, un collectif de personnalités, dont le philosophe Dominique Bourg, qui était présent lors du dernier Festival de Ménigoute, a appelé dans une tribune au Monde, le 19 mars, « à s’engager collectivement et individuellement dans une décroissance énergétique mondiale transformant nos vies et nos sociétés ».
La crise que nous traversons collectivement n’est-elle pas l’occasion d’entrer en résistance plus longuement, de ne surtout pas revenir « à la normale » ? Un virus nous prouve en effet que les États sont capables d’imposer des contraintes fortes sur leurs entreprises quand cela est nécessaire. On nous martèle que la santé prime à tout prix sur l’économie ? Dont acte. Applaudissons des deux mains et remettons sur la table, quand le Covid-19 sera dernière nous, la question des pesticides et autres polluants qui nous empoisonnent quotidiennement.

Ne perdons pas de vue que ce sont le changement climatique et l’érosion de la biodiversité qui menacent avant tout l’équilibre du monde.

Un confinement propice aux questionnements

Et puisque nous avons plus que jamais besoin de voir le verre à moitié plein (y compris à l’heure de l’apéritif !), réjouissons-nous de constater les aspects positifs de cette double crise sanitaire et économique :

  • La pandémie a fait chuter les émissions de CO2 et la pollution (dioxyde d’azote et particules fines notamment, responsables chaque année de près de 9 millions de morts prématurées à l’échelle de la planète, d’après l’Organisation mondiale de la santé).
  • La Chine a annoncé des mesures pour « éliminer les mauvaises habitudes de consommation excessive de faune sauvage », mais l’industrie de la fourrure et la médecine traditionnelle échappent malheureusement à l'interdiction.
  • Le confinement nous oblige à nous recentrer sur l’essentiel, à mieux distinguer l’important du superflu.
  • Cette crise aiguë impose de s’interroger sur le fonctionnement de l’économie qui met la planète en surchauffe.

On entend de nouveau les oiseaux en ville et le surplus inattendu de temps libre nous permet de mieux observer la nature qui nous entoure. Du pain bénit pour notre collaborateur Marc Giraud, interviewé dans cette newsletter, qui partage volontiers son mantra : « L’extraordinaire se cache dans l’ordinaire ». 

Catherine Levesque-Lecointre

 

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Un partenariat qui donne des ailes

Partenaire depuis le début du Festival de Ménigoute, le Groupe ornithologique des Deux-Sèvres (GODS) se charge chaque année de la conception du Lirou d’Or, qui récompense le meilleur film, et mobilise bénévoles et salariés autour d’un stand thématique et ludique, des ateliers, des sorties nature, des conférences, des expositions…

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Stéphane Durand : « Le réensauvagement est un mouvement de fond ! »

Documentariste, naturaliste et proche collaborateur de Jacques Perrin, Stéphane Durand dirige la collection Mondes Sauvages chez Actes Sud. Coauteur avec Gilbert Cochet de Réensauvageons la France*, paru il y a deux ans, il participera au prochain Festival de Ménigoute à une table ronde sur ce thème avec le photographe Frédéric Larrey et l’auteur-chroniqueur Marc Giraud.

• Votre ouvrage pose un regard optimiste sur l'état de la nature sauvage en France : expliquez-nous cet exploit à l’heure où les scientifiques et les naturalistes tirent des sonnettes d’alarme ?
D’un point de vue naturaliste, nous sommes partis du constat qu’il est plus facile de voir certaines espèces qu’à une époque comme celle de Robert Hainard, qui traversait l’Europe pour croiser la route d’un sanglier il y a moins d’un siècle. Plus près de nous, dans les années 1970, il n’y avait plus de cigogne noire en France, à peine dix couples de cigognes blanches et les rapaces étaient en chute libre. Depuis quelque temps, les phoques, les vautours, les loutres, les castors, les grands herbivores… sont de retour. Il suffit de regarder les chiffres. Nous ne sommes pas dans le déni pour autant : les nouvelles sont mauvaises pour la petite biodiversité des campagnes. Mais notre livre est un concentré de bonnes nouvelles face à cette situation paradoxale.

• Vous avez porté ce titre bien au-delà des librairies à travers de nombreuses rencontres avec vos lecteurs. Pourquoi ce besoin ?
En effet, nous avons été sollicités par des libraires, des collectifs, des associations, des festivals, car c’est un livre positif, qui fait du bien ! Un deuxième tome, L’Europe réensauvagée, sort d’ailleurs le 8 avril chez Actes Sud sous la plume de Gilbert Cochet et de son épouse, Béatrice Kremer-Cochet.

• La nouvelle alliance que vous proposez repose sur le triptyque abondance/diversité/proximité. Pouvez-vous résumer ?
Le vivant commence dans nos tripes. Nous devons être solidaires de toutes les formes de vie. Nous appartenons à une communauté de destins et tout impact porté à l’un de ses membres impacte les autres. La majorité des espèces peuvent cohabiter avec nous sans être mises sous cloche. À nous de leur faire d’abord de la place dans nos têtes. Pour commencer, arrêtons de les tuer avec des fusils ou des pesticides !

• N’est-ce pas un peu optimiste de prôner le retour des animaux sauvages en France au vu de l’accueil réservé au loup ?
Si on arrive à trouver un modus vivendi avec le loup, on le trouvera avec les autres espèces. Le chantier est en cours. Il ne faut pas baisser les bras. Si la collection que je dirige, Mondes Sauvages, marche autant, c’est qu’elle correspond à une attente. Il y a quelque chose dans l’air du temps au niveau sociétal, politique… Ce qui serait terrible, ce serait d’avoir à dire à nos petits-enfants qu’on a eu la chance de voir plein de belles espèces, mais qu’on n’a pas su les protéger. Et ce d’autant plus que l'on connaît les solutions ! Le livre explique aussi pourquoi certaines espèces sont revenues. Dans le suivant, qui concerne l’ensemble de l’Europe, on comprend que c’est un mouvement de fond. On a une boussole, un cap à suivre.

• Votre avis sur la promesse d’Emmanuel Macron, qui s'est engagé sur 30 % d'aires protégées, dont un tiers en pleine naturalité d'ici à 2022, alors que seulement 1,6 % de notre territoire est en protection forte ?
La protection forte de zones à haute naturalité est une solution parmi d’autres à développer, car les surfaces sont trop faibles. Mais ça ne protégera pas les papillons et les grenouilles. C’est une arme dans l’arsenal. Quant aux leviers de l’État, je ne me fais aucune illusion. Quand on voit le niveau de protection des parcs nationaux des Cévennes, de la Vanoise ou de Forêts, où l’on pâture, on coupe du bois… on se dit que le mot protection a été vidé de son sens. Commençons déjà par contrôler la chasse, qui fait des ravages chez nous !

Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre.

Ré-ensauvageons la France : Plaidoyer pour une nature sauvage et libre, éd. Actes Sud (20 €).



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Marc Giraud, porte-parole de l’Aspas : « On colmate pour éviter le pire »

Auteur-naturaliste à succès et chroniqueur sur RTL dans « À la bonne heure »(1), Marc Giraud est présent chaque année sur la Web TV du Festival de Ménigoute. Il milite également en tant que porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), que vous pourrez rencontrer dans l’espace forum du festival.

• Comment se porte l’Aspas ?
C’est désormais une grosse machine qui compte 15 000 adhérents et une quinzaine de salariés, mais ça n’enlève en rien la convivialité des débuts ! Nous avons eu ces derniers temps beaucoup de succès avec nos Réserves de vie sauvage®, qui n’est pas un sujet polémique, et ça fait beaucoup de bien ! Cela nous a apporté de nouveaux adhérents qui ne sont pas forcément dans le combat contre la chasse qui nous caractérise depuis nos débuts.

• Quels sont les dossiers brûlants du moment ?
Ils sont malheureusement nombreux. Après notre campagne sur le gibier d’élevage, l’an passé, nous menons une action contre la chasse à l’enclos, méconnue et particulièrement cruelle. Des activistes se sont infiltrés parmi les chasseurs pour tourner des images et dénoncer le sadisme de cette pratique, qui concerne surtout les sangliers, les cerfs et les chevreuils. Les animaux, qui sont prisonniers, sont souvent tués avec un épieu (un long poignard au bout d’une tige métallique), ce qui est illégal.
Une réunion au ministère a eu lieu en présence de l’épidémiologiste François Moutou, qui a alerté sur les risques sanitaires, entre autres de peste porcine africaine. Les sangliers qu’ils élèvent pour les enclos viennent en effet d’Europe de l’Est. S’ils transmettent cette maladie, les élevages de porc pourraient être en danger…
Nous avons obtenu l’interdiction des concours de déterrage des blaireaux, mais nous continuons à militer contre la vénerie sous terre, une chasse très barbare qui est pratiquement interdite partout. Certains chasseurs viennent d’ailleurs pour s’y adonner chez nous… La forte présence des chasseurs au sein du nouvel Office français de la biodiversité, avec Hubert-Louis Vuitton comme vice-président, ne joue pas en notre faveur…

• Vous avez produit un document pour que les citoyens puissent interpeller les maires sur des questions cynégétiques. Pensez-vous qu’une « poussée écologiste » lors des municipales change la donne localement ?
On sent une vraie prise de conscience des citoyens à la cause environnementale et animale, en témoigne la poussée animaliste aux dernières élections européennes. Ça va dans le bon sens ! Il y a aussi une prise en compte du bien-être, chez les écologistes, qu’on ne trouve pas dans les autres partis.

• Comment abordez-vous l'année 2020 et ses deux échéances importantes : le congrès mondial de l'UICN, en juin, à Marseille, et la COP 15 en Chine, en octobre ?
Nous sommes légalistes, mais indépendants, et l’expérience ne nous a pas vraiment portés à croire aux institutions. Donc nous ne nous faisons guère d’illusion sur les avancées concrètes que ces événements peuvent générer. Sur certains dossiers, d’autres associations nous ont parfois reproché notre radicalité, l’absence de concessions.
En revanche, nous faisons partie du « Club des 14 », qui rassemble les principales associations environnementales de France sur une initiative de la LPO. Nous nous réunissons chaque mois pour échanger dans un état d’esprit fraternel. Des personnalités comme Sandrine Bélier, directrice d’Humanisme et Biodiversité, Yves Verilhac, directeur de la LPO ou Allain Bougrain Dubourg, ont de fines analyses et font avancer les choses. Parfois, nous faisons des propositions issues de nos dossiers respectifs en fin de réunion. Il y a un effet entonnoir : il faut faire des choix quand les entrevues avec le ministère durent moins d’une heure. En fait, on colmate pour éviter le pire. On n’avance pas toujours, mais on évite de reculer, tant les lobbies sont puissants. 

• Il y a quand même des choses positives, comme les initiatives liées à la naturalité qui se multiplient. Avez-vous de nouveaux projets de Réserves de vie sauvage® ?
Nous avons un nouveau projet dans le Sud-Est et nous achetons aussi des parcelles avec l’association Forêts sauvages, dans un lieu tenu secret, car nous rencontrons une opposition idéologique dans certaines zones, comme le Vercors. Beaucoup de gens nous proposent des surfaces moyennes, trop grandes pour être des Refuges Aspas, mais trop petites pour devenir des réserves. Nous créons donc un statut intermédiaire : les Havres de vie sauvage.

• Un nouveau livre à venir vous concernant ?
Oui ! La nature en bord de mer(2), qui doit paraître le 4 mai, dans le même état d’esprit que les quatre précédents, c’est-à-dire très visuel : 700  photos de Sonia Dourlot et d’autres naturalistes, avec des légendes pour décrypter les images. L’objectif étant d’éveiller le regard sur la nature ordinaire.
Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre.

Catherine Levesque-Lecointre.

1 Le mercredi et le jeudi matin, et tous les jours sur Bel RTL dans « On pousse le bouchon ».
2  Éditions Delachaux et Niestlé (24,90 €).

> Le nouveau site Web de Marc Giraud

 



 

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Exposez au Festival de Ménigoute !

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Vous êtes une association, un commerçant, une collectivité, un éditeur… Il reste encore quelques places disponibles dans le Forum de la nature du prochain Festival de Ménigoute, qui se déroulera du 27 octobre au 1er novembre 2020.
Ce chapiteau de 3000 m2 est un véritable lieu de partage et de communication autour de la protection de l’environnement où le public rencontre les ONG, les entreprises de tourisme nature, les collectivités territoriales, les sociétés de matériel optique et photographique…

Les tarifs et le règlement sont accessibles sur le site du Fifo.

 


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Joyeuse Pac !

breveUn débat public a été lancé en parallèle des négociations sur la réforme de la Politique agricole commune (Pac). Saisissez cette opportunité pour infléchir le modèle agricole dominant. Les financements de la Pac ont jusqu’à présent encouragé le développement d’une agriculture industrielle qui a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 5 % au cours de la dernière décennie et a décimé des populations d’insectes et d’oiseaux.
Jusqu’au 31 mai 2020, des débats publics devraient se tenir dans toutes les régions pour contribuer à l’élaboration du futur Plan stratégique national, déclinaison française de la nouvelle Pac de l’Union européenne pour la période 2021-2027.
Les internautes peuvent quant à eux déposer leur avis sur le site dédié de la Commission nationale du débat public – imPACtons.debatpublic.fr – qui propose des vidéos pour mieux comprendre ces enjeux cruciaux.

La LPO, membre de la plateforme des 41 organisations « Pour une autre Pac », publie à cette occasion « Comprendre la Politique agricole commune », téléchargeable gratuitement sur son site.

© Ralf Kunze / Pixabay


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Un atlas éclairant

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C’est un implacable état des lieux que nous livrent François Gemenne, membre du Giec et professeur de géopolitique de l’environnement à Sciences Po (entre autres), et ses collaborateurs dans cet Atlas de l’anthropocène, nom donné à cette nouvelle ère géologique où l’homme est devenu la principale force de transformation de la planète. Espèces envahissantes, menaces sur la pollinisation, pollutions, métamorphose des paysages, changements climatiques, démographie, politiques environnementales… c’est le premier atlas qui rassemble toutes les données sur la crise écologique que nous traversons, avec des textes limpides et des infographies éclairantes (cartes et graphiques). Un outil indispensable pour tous ceux qui entendent repenser leur rapport à la Terre.

> Atlas de l'Anthropocène, par François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’Atelier de cartographie de Sciences Po. Éd. Presses de Sciences Po (25 €).




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La sélection mensuelle de FIFO-Distribution :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com



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Crédits photo : Patrice Mariolan - Ben Vial - Jean Gobin - Pixabay - Michel Pourny - FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org