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Festival de Ménigoute


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Les prédateurs

Le titre de cet édito n'évoquera probablement pas la même chose aux cinéphiles avertis et aux naturalistes aguerris. Les naturalistes cinéphiles, quant à eux, hésiteront peut-être entre un film de vampire des années 1980 et un documentaire pédagogique sur les chaînes trophiques (ou télévisées !).
Mais il est une autre acception du terme qui vient à l'esprit dans le cas qui nous intéresse. En l'occurrence les menaces de mort qu'a reçues le réalisateur Jean-Michel Bertrand pour le tournage de son film "Marche avec les loups" (projeté en avant première lors du dernier Festival de Ménigoute). À l'occasion d'une avant-première à Gap, le 5 janvier, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles des Hautes-Alpes avait appelé via Facebook à une mobilisation contre le film, avant de finalement l'annuler face au tollé suscité.

Rappelons que les élus du département des Hautes-Alpes et de la Région Sud (ex-Paca) ont refusé de soutenir le film. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les élus, bien qu’ayant financé le film, ont demandé à ne pas apparaître dans la communication autour du film. Ils ne figurent ni au générique ni sur les affiches, sur la pression des éleveurs…

De l'importance de la sémantique

Dans une chronique du Monde, le journaliste Stéphane Foucart dénonce l'asymétrie de traitement entre ce qu'il nomme le "greenbashing" et "l'agribashing". Le dénigrement du monde agricole a conduit, explique-t-il, à la création d’une cellule spécifique au sein de la gendarmerie nationale baptisée "Demeter", chargée de coordonner la prévention et le suivi des atteintes au monde agricole.
Ce terme "agribashing" a par ailleurs été dénoncé le 27 novembre dans Le Monde par un collectif de paysans qui défend la nécessité de remettre en question le modèle agro-industriel dominant.  
À force de glissements sémantiques, on finit par criminaliser la dénonciation de la violence plutôt que la violence dénoncée, alertent de leur côté l'astrophysicien Aurélien Barrau, la philosophe Florence Burgat et l'écrivain Jean-Baptiste Del Amo, dans une autre tribune.
Si l'urgence climatique fait désormais consensus (à deux ou trois dirigeants près…), nombreux sont les ennemis et détracteurs des militants de la cause animale et environnementale. On lira à cet égard avec intérêt le dernier numéro de Socialter consacré à ce sujet. Armé d'un utile "manuel de décryptage du discours anti-écolo", on se demandera qui sont vraiment les prédateurs. "L'homme est un loup pour l'homme", dit-on. Où sont les brebis ? Que font les bergers ?

Toute l'équipe du festival vous souhaite une excellente année 2020 !

Catherine Levesque-Lecointre

 

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Le cas du castor

C’est un cas d’école. Le castor est de nouveau bien implanté sur les cours d’eau français. Pourtant, le plus gros rongeur d'Europe a frôlé la disparition et ne doit sa survie qu’aux changements d’approche en matière de protection de l’environnement. Un bel exemple de cohabitation.

Réalisé par Basile Gerbaud. Produit par Fifo Distribution et Ushuaïa TV.

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Thierry Thomas, président du 36e Festival de Ménigoute

Réalisateur de documentaires animaliers et chef opérateur pendant une trentaine d'années, et parallèlement enseignant à l'Iffcam, l'École de cinéma animalier de Ménigoute, Thierry Thomas présidera le jury du prochain FIFO. Rencontre.

• Vous êtes impliqué dans le Festival de Ménigoute depuis ses débuts. Comment s'est nouée cette longue collaboration ?
Je participais en tant que biologiste à un programme de recherche au sein du CNRS de Chizé et je rentrais d'un hivernage en Terre Adélie. Dominique Brouard, le fondateur du Festival de Ménigoute, a pris contact avec notre équipe pour avoir l'appui de spécialistes sur les traductions des films présentés à la première édition du FIFO, en 1985. Or, j'avais réalisé deux films durant ce séjour en Antarctique, dont Le paradoxe des empereurs. Je les ai présentés au troisième FIFO, ainsi que quelques autres durant les quinze années suivantes.

• Comment s'est déroulé votre parcours ?
Je distinguerais trois grandes phases sur une trentaine d'années de cinéma animalier. Pendant une dizaine d'années, j'ai fait des films scientifiques institutionnels pour des chercheurs, mais à vocation grand public, avec une grande rigueur scientifique. Parmi eux, L'île aux flamants. Puis des chaînes de télévision ont commencé à s'intéresser au documentaire animalier, en particulier Canal+ et dans une moindre mesure France 5, qui achetait aussi des films à petit budget. Nous étions alors très peu nombreux dans le métier, et nous avons bénéficié à plein de cette nouvelle ouverture. Néanmoins, je ne me suis jamais senti contraint par la production. C'est dans ce cadre-là que j'ai réalisé La plage aux éléphants de mer, aux Kerguelen, et Les dernières girafes du Sahel, raconté par Tom Novembre, avec Philippe Barbeau au son. Puis j'ai travaillé comme chef opérateur sur les longs métrages de Jacques Perrin, puis sur Les animaux amoureux, de Laurent Charbonnier.

• Parallèlement à votre carrière, vous avez enseigné au sein de l'Iffcam…
Au départ, Dominique Brouard m'a sollicité pour un dépannage, et quinze ans après j'y étais encore ! J'assurais les stages caméra d'une semaine avec un autre encadrant, pour les élèves de première année, en Brenne ou sur l'île de Ré. Et j'étais tuteur pendant six mois sur l'écriture du film des étudiants de deuxième année, ainsi que sur la postproduction, le montage. Je suis ravi de voir que Marie Daniel a repris le flambeau de la direction de cette école, puisqu'elle figure parmi les premières élèves que j'ai suivies ! Place aux jeunes !

• Vous avez présidé le FIFO en 2006. Quel souvenir en avez-vous ?
Ce fut une très bonne expérience. J'ai le souvenir d'une tâche assez difficile, qui demande de la concentration et un travail de leader pour "tenir" l'équipe afin que tout le monde s'exprime. Pour le jugement final, je me souviens avoir imposé un vote à bulletin secret pour éviter toute influence. Je reviens cette fois avec un œil neuf !

• Comment avez-vous perçu l'évolution du métier depuis ?
Le métier évolue, mais il est difficile de savoir dans quelle direction. L'évolution qui m'intéresse le moins, c'est le choix de l'imprégnation et de la mise en scène dans les documentaires animaliers. À l'image, je sens tout de suite l'arnaque ! Au départ, je doutais de l'intérêt d'une école comme l'Iffcam. Aujourd'hui, je suis très satisfait des résultats, même si c'est un métier où l'on mange de la vache enragée au démarrage… C'est pourquoi j'ai insisté pour que la formation ne se limite pas au cinéma animalier pur et dur. Un travail de journaliste environnemental est également salutaire pour faire avancer la société.

• Justement, quel regard portez-vous sur l'état actuel de la planète ?
En tant que biologiste de formation et passionné de climatologie, je constate que les gens sont moins sensibles à la perte de la biodiversité qu'au changement climatique. Mon épouse est experte à l'IPBES* en tant qu'ethnobiologiste et l'évolution tragique que nous constatons m'inquiète énormément. Mon optimisme m'empêche toutefois de vivre dans la morosité absolue. Quand je me balade dans ma région, le Languedoc-Roussillon, je trouve qu'il y a encore une belle diversité. Il est difficile de ressentir pleinement le déclin de la biodiversité au fond de soi-même. Et je me rends compte que nos efforts demeurent insuffisants, que mon mode de vie est incompatible avec les exigences écologiques.

• Avez-vous des films fétiches ?
J'ai surtout une anecdote au sujet du FIFO. Lorsque j'étais président en 2006, deux films sortaient du lot pour le grand prix. Planet Earth – From pole to pole, de la BBC, et un film d'Anne et Erik Lapied, Juste après la neige, chef-d'œuvre absolu à petit budget réalisé par des orfèvres. Et ce sont eux qui ont décroché le Lirou d'or. Comme quoi, tout est possible : les moyens ne font pas tout !

Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre.

* L'équivalent du GIEC pour la biodiversité, NDLR.



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Le castor est de retour !

En ces temps où le déclin de la biodiversité est alarmant, le retour d'une espèce indigène qui a failli disparaître constitue une nouvelle qu'on a plaisir à clamer. Le témoignage de Guillaume Charruaud, technicien de rivières au Syndicat mixte de la vallée du Thouet, qui s'écoule entre Poitou et Anjou.

Du plus gros rongeur d'Europe, il ne restait plus que quelques dizaines d’individus au début du XXe siècle, en basse vallée du Rhône. Afin d’éviter sa disparition liée à une chasse excessive (pour sa fourrure notamment), le castor y fut protégé dès 1909. Sa recolonisation permit de le réintroduire dans la Loire dans les années 1970, où il poursuit sa progression dans les différents affluents. Le Thouet en est un. "Nous sommes directement connectés au fleuve à hauteur de Saumur, précise Guillaume Charruaud, technicien au Syndicat mixte de la vallée du Thouet, le groupement de communautés de communes en charge de la gestion du cours d'eau sur 120 km. En tant que syndicat de rivière, nous nous sommes beaucoup intéressés au retour de cette espèce emblématique dès les premiers indices de sa présence, en 2001. L'ONCFS a mis en place des "référents castors" dans tous les départements concernés dans une logique d'accompagnement. Au niveau des Deux-Sèvres, un réseau départemental de suivi a été déployé en 2007 avec toutes les structures  et usagers concernés, comme pour la loutre."

Apprendre à cohabiter

Ce réseau bien structuré permet notamment de tenir à jour une carte avec le front de colonisation de ces espèces, qui se traduit par des réglementations concrètes sur le terrain. "Certaines campagnes de piégeage du ragondin sont contraintes, par exemple, pour éviter de tuer un castor par erreur…"
Quid des dégâts occasionnés par le rongeur sur certains arbres ? "Nous accompagnons les propriétaires des berges et les populiculteurs. Il y a des dispositifs faciles à mettre en place pour protéger les plantations de peupliers et nous les conseillons. Il faut apprendre à cohabiter ! Et cette espèce jouit globalement d'un fort capital sympathie. 
D'où une collaboration naturelle sur le film qu'a produit Fifo Distribution, réalisé par Basile Gerbaud (cf. rubrique vidéo). "Outre un cofinancement, nous avons contribué aux sorties de repérages, aux affûts, et nous organisons des sorties et des rencontres autour de ce documentaire, qui nous sert d'outil de sensibilisation." 

Une rampe à castor en construction

À l'inverse, le castor se heurte parfois à des verrous lorsqu'il progresse vers l'amont. Les dispositifs de franchissement, eux, sont plus lourds à aménager. "Nous sommes en train de créer une rampe à castor sur un pont à Parthenay, où un castor a trouvé la mort. Il en existe peu en France, d'où l'importance des échanges techniques au sein du réseau pour tirer partie de ce qui a été expérimenté."

Actuellement, en France, le castor est présent à des degrés divers dans une cinquantaine de départements métropolitains, essentiellement dans le Sud-Est, le Centre et le Nord-Est. Soit environ 14 000 individus.

Catherine Levesque-Lecointre.

 



 

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Hommage à André Dulait

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Sa dernière apparition publique remonte au jeudi 16 janvier, au conseil d’administration de Mainate, où se déroulait le bilan du Festival de Ménigoute. André Dulait, maire de la commune de 1983 à 2008, conseiller général puis président du conseil général et sénateur des Deux-Sèvres, est décédé deux jours plus tard à l’âge de 82 ans.
Retiré depuis cinq ans de la vie politique, André Dulait demeurait très présent dans la vie de la commune. Il se mobilisait toujours pour ses concitoyens et pour la vie associative. D'emblée, il avait apporté son soutien à la création du festival mais également au Centre permanent d'initiatives pour l'environnement et plus récemment à l'Iffcam.

Au delà de son implication, telle une "potion magique", sa présence était à la fois une caution et un encouragement pour déployer l'énergie nécessaire à la mise en œuvre des projets ménigoutais.

Photo : André Dulait, maire de Ménigoute, vice président du conseil général des Deux-Sèvres lors de l'inauguration du 1er festival de Ménigoute le 28 octobre 1985 en présence d'Alain Calmat ministre de la jeunesse et des sports.


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Interdire la chasse chez soi : une nouvelle procédure

breveDésormais, tous les propriétaires disposent du droit de retirer leur propriété d’une Association (Inter)communale de chasse agréée (ACCA et AICA) au nom de convictions personnelles.
Une nouvelle procédure a été mise en place pour pouvoir interdire la chasse sur son terrain. Conformément au décret n°2019-1432 du 23 décembre 2019, vous devrez formuler la demande par courrier recommandé avec accusé de réception (AR) non plus auprès de la préfecture, mais directement auprès du président de la Fédération départementale des chasseurs.
Après validation, votre demande sera envoyée au président de l’ACCA, qui aura deux mois pour donner son avis, puis le président de la Fédération départementale des chasseurs disposera de quatre mois pour statuer.

La LPO met à votre disposition un courrier type de demande de retrait de l’ACCA. Veillez à inscrire vos coordonnées et les numéros de parcelles concernées par le retrait (cadastre en mairie). Une fois la demande actée, vous aurez l’obligation de poser au minimum un panneau mentionnant « Chasse interdite » sur le terrain.


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Un site Web dédié au bocage

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"Nous ne défendons pas les bocages, nous sommes les bocages qui se défendent !" Derrière cette formule se cache un nouveau site Web, "Terres de bocage". Consacré aux bocages et aux relations "hommes-nature", ce site est à la fois un centre de ressources et un lieu de réflexion. Il a aussi vocation à alerter (destructions de haies, de prairies permanentes, drainages illicites…) et à positiver (bonnes initiatives, coins de bocage sympa…) pour préserver ces écosystèmes riches en biodiversité. Que vous soyez agriculteur ou NIMA (non issus du monde agricole !), n’hésitez pas à y partager vos avis, vos expériences, vos photos. Un volet "lectures", consacré à une revue bibliographique, viendra bientôt enrichir ce site joliment illustré par des images des frères Braconnier, bien connus au Festival de Ménigoute.

> https://terresdebocage.fr

 


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Municipales : 60 ONG lancent un «Pacte pour la transition»

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Les enjeux écologiques prennent de l'ampleur parmi les préoccupations des électeurs. En  vue des prochaines élections municipales, les citoyens peuvent se regrouper en collectifs pour interpeller les listes candidates et exiger qu’elles s’engagent sur une dizaine de mesures parmi les 32 proposées par la soixantaine d'associations partenaires du "Pacte pour la transition" (Attac, Réseau Action Climat, France Nature Environnement, Greenpeace, Alternatiba, Enercoop, Noé…). Un guide téléchargeable gratuitement compile ces 32 mesures avec des détails sur les possibilités d'application adaptées à différents types de communes et des exemples de communes ayant déjà réalisé ces mesures. Du concret donc !

> https://www.pacte-transition.org/

 



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La sélection mensuelle de FIFO-Distribution :

Disponibles chez Fifo-Distribution.com



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Crédits photo : Patrice Mariolan - Pixabay - FIFO
  Archives des anciennes infolettres  -  Conception : Tabula Rasa

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORNITHOLOGIQUE DE MÉNIGOUTE
Association MAINATE, 16 bis, rue de Saint Maixent - BP 5 - 79340 Ménigoute
Tél. : 05 49 69 90 09 - contact@menigoute-festival.org
https://www.menigoute-festival.org